En visite au Mali, Antonio Guterres a été appelé à certifier l’élection présidentielle au Mali. Mais le SG de l’ONU n’entend pas s’inscrire dans la même ligne que son prédécesseur.
Quand Antonio Guterres rejette la méthode Ban Ki-Moon
Antonio Guterres et Ban Ki-Moon, deux personnalités, deux méthodes différentes. En témoigne les choix opérés par les deux secrétaires généraux de l’ONU en Côte d’Ivoire et au Mali.
L’élection présidentielle de 2010 se voulait une élection de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Tous les ténors de la politique ivoirienne étaient candidats à ce scrutin à haut risque. Aussi, l’Organisation des Nations unies (ONU), à travers l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), avait pour mission, non seulement de sécuriser le processus électoral, mais aussi et surtout de certifier l’élection présidentielle.
Jusqu’à la proclamation des résultats du premier tour, le scrutin s’était déroulé dans de bonnes conditions. Mais lors du second tour opposant le président sortant, Laurent Gbagbo, au candidat de l’opposition, Alassane Ouattara, la tension est montée d’un cran. Le scrutin a été émaillé de violences dans le nord du pays, avec des soupçons de fraudes massives.
Le Sud-Coréen Young-Jin Choi, compatriote de Ban Ki-Moon, et ex-Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, avait certifié les résultats proclamés par le président de la Commission électorale indépendante (CEI) et qui faisait d’Alassane Ouattara le vainqueur du scrutin. Alors qu’à l’inverse, le Conseil constitutionnel proclamait la réélection de Laurent Gbagbo. S’en est donc suivi une crise postélectorale qui s’est soldée par 3000 morts, selon le bilan officiel.
Antonio Guterres refuse la certification
De même, le Portugais Antonio Guterres, successeur de Ban Ki-Moon, s’est rendu au Mali, à l’orée de l’élction présidentielle. Le Nord-Mali a en effet été mis sous coupe, depuis 2012, par des groupes armés qui réclament la séparation de l’Azawad avec le reste du pays. D’autres groupes terroristes continuent de sévir dans le nord et le centre du pays.
C’est dans ce contexte de crise que se tiendra la présidentielle le 29 juillet prochain. Aussi, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a appelé l’ONU à certifier la présidentielle malienne. Mais la réponse du Secrétaire générale a été sans ambages : « Les Nations unies ne sont pas un arbitre. En principe, les Nations unies, sauf des circonstances exceptionnelles, ne font pas la certification des élections. »
Poursuivant, il ajoute : « Je proposerais naturellement au Conseil de sécurité le maintien de l’opération de la Minusma. On va essayer même d’améliorer ses conditions de travail pour qu’elle puisse mieux protéger les civils dans les circonstances très importantes que nous allons vivre dans les mois à venir. »
Cependant, le candidat malheureux à la présidentielle 2013 n’approuve pas la mission assignée à la Minusma : « Nous avons eu des réponses qui ne sont pas, à notre avis, suffisamment satisfaisantes. La Minusma est d’accord pour sécuriser les candidats uniquement dans les capitales régionales. Ce qui se passe c’est qu’il y a des villes dans le pays qui sont plus peuplées que les capitales régionales. »
Notons que la présidentielle au Mali aura lieu fin Juillet. Le président Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK est candidat à ce scrutin à haut risque.