La Belgique vient d’accorder le droit d’asile à Jean-Pierre Bemba après l’annulation de sa peine par la chambre d’appel de la CPI. L’ancien vice-président congolais pourra donc y attendre plus sereinement le verdict dans l’affaire de « subornation de témoins » dont le procès est toujours pendant.
Enfin le bout du tunnel pour Jean-Pierre Bemba
Condamné à 18 ans de prison pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a pris à contre-pied les premiers juges en annulant, le 8 juin dernier, ladite condamnation. Cependant, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) n’est pas totalement libre dans la mesure où il est poursuivi pour « subornation de témoins ». Néanmoins, la CPI lui a accordé une liberté provisoire.
Logé dans un premier temps dans un hôtel aux Pays-Bas sous la surveillance de la CPI, M. Bemba avait émis la volonté de rejoindre sa famille en Belgique. Après deux jours d’attente, Bruxelles vient d’accéder à la requête de l’ancien voisin de Laurent Gbagbo à la prison de Scheveningen. Ainsi que l’a annoncé, ce jeudi, Didier Reynders, le chef de la diplomatie belge : « Les autorités belges ont répondu favorablement à la demande de la Cour de permettre le séjour de Monsieur Bemba en Belgique, où réside sa famille, suite à sa mise en liberté provisoire. »
Après près de 10 ans d’emprisonnement, Bemba est désormais autorisé à poursuivre la procédure pour l’obtention d’un « visa de type C, de court séjour (90 jours) », afin de retrouver ses familles biologique et politique qui l’attendent d’ores et déjà dans la ferveur. Son épouse et ses enfants l’attendent également dans l’enthousiasme à Rhode-Saint-Genèse, commune cossue située à 15 km au sud de Bruxelles, là même où il avait été arrêté le 24 mai 2008 à la demande de la CPI.
Il entend par ailleurs « mettre sur pied son retour en RDC » où l’élection présidentielle est prévue pour le 23 décembre prochain. Mais l’interrogation qui taraude les esprits est celle de savoir si les le président Joseph Kabila permettra à l’ancien chef de guerre de rentrer au bercail avant ces joutes électorales.
Fatou Bensouda opposé à la libération de Bemba
Cette libération de Jean-Pierre Bemba n’est pas du goût de Fatou Bensouda qui a tiré à boulets rouges sur la Cour. « La majorité des juges de la Chambre d’appel s’est écartée du modèle traditionnellement suivi en appel quant à l’examen des erreurs de fait, lequel avait été constamment appliqué non seulement par la Chambre d’appel de la CPI depuis ses débuts », a indiqué la procureure de la CPI.
Poursuivant, elle ajoute : « La Chambre d’appel n’a pas été en mesure de trancher à l’unanimité et cet acquittement définitif est le résultat d’une Chambre divisée : deux juges de la majorité ont décidé d’acquitter l’accusé, un juge de la majorité a fait droit à l’appel interjeté mais s’est prononcé en faveur d’un nouveau procès, et deux juges dissidents ont confirmé la condamnation. »
Quoi qu’il en soit, la procureure gambienne s’est engagée à respecter, malgré elle, cette décision frappée du sceau de l’irrévocabilité, de la chambre d’appel. Après l’audition des 77 témoins et 733 éléments de preuve, l’affaire Bemba est désormais close, en attendant la fin du procès de subornation de témoins où il a été condamné en première instance à un an de prison et 300 000 euros d’amende en mars 2017.