La branche dissidente de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI, mouvance présidentielle) a tenu samedi à Abidjan un congrès extraordinaire au cours duquel les textes du parti unifié, rejetés lors d’un précédent congrès en avril, ont été adoptés et un nouveau dirigeant élu, Serge Brou, au grand dam de Brahima Soro qui ne cesse de réaffirmer qu’il demeure « le seul président » de cette formation.
Le bicéphalisme règne au sein de l’ UPCI
Ainsi, après le Front populaire ivoirien (FPI, principal parti de l’opposition) dont la crise interne dure depuis quatre ans, le parti fondé par l’ex-ministre Gnamien Konan vient s’inscrire sur la liste provisoire des partis politiques rongés par le bicéphalisme, sur laquelle figurent le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) et le Mouvement des forces d’avenir (MFA), tous deux membres de la coalition au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Face aux difficultés, le procédé est resté le même pour tous ces partis: une branche dissidente conteste l’autorité du leader puis organise un congrès extraordinaire au cours duquel le président contesté est destitué et un nouveau dirigeant élu. L’autre camp, à son tour, démet ses adversaires internes de leurs fonctions. Et ensuite vient le troisième acte, la bataille judiciaire pour le contrôle effectif du parti, en passant par les échanges d’amabilité par voie de presse.
Comme d’anciens dirigeants éjectés auparavant, M. Soro a ouvertement accusé le parti au pouvoir d’être lié à la crise au sein de sa formation politique. Il estime que le congrès du samedi dernier est « une forfaiture et une manipulation orchestrées par une minorité avec le soutien actif de cadres du RDR » qui ont « commandité et financé la déstabilisation de l’ UPCI ».
Pour Brahima Soro, ce « oui » au parti unifié (censé naître de la fusion des six partis de la coalition au pouvoir), après le « non » du précédent congrès, à 94,87 % des 1.236 votants, vise à « créer une division factice à l’Upci pour nommer des égarés au gouvernement ou ailleurs ».
Il va sans dire que ce congrès, tenu à quelques jours de la formation d’un nouveau gouvernement composé de membres « issus du RHDP et de la société civile », comme l’a indiqué le communiqué de la présidence relatif à la dissolution du précédent, laisse dubitatif quant à la coïncidence des calendriers.
Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, s’est en effet montré clair lors de la cérémonie de clôture du 4e congrès de son parti début mai, quand il annonçait la formation d’un « gouvernement RHDP », composé de personnalités issues des partis de la coalition ayant validé le projet de création du parti unifié.
Reste à savoir si le Pdci de son principal allié Henri Konan Bédié, dont le bureau politique du 17 juin a « endossé » la signature de l’accord politique de création du parti unifié mais reporté la validation des textes à son prochain congrès en 2020, fera partie de la nouvelle équipe.
Le plus vieux parti de Côte d’Ivoire est lui aussi animé depuis plusieurs semaines par un débat interne sur l’alternance en 2020 et la validation de ce projet. Un mouvement favorable au parti unifié, dénommé « Sur les traces d’Houphouët-Boigny », a par ailleurs été présenté mardi par l’ex-porte-parole, Kobenan Kouassi Adjoumani.
La réaction de M. Bédié ne s’est pas faite attendre; M. Adjoumani et « ses comparses » ont été invités mercredi à « se ressaisir pour préserver » le parti « des dérives opportunistes », tout en rappelant que le Pdci « ne permet pas et n’admet pas en son sein des courants formellement constitués ».