L’adjudant-chef major Eloi Badiel, huitième accusé interrogé lundi à la barre dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina, a reconnu les faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais pas ceux de meurtre.
Eloi Badiel reconnait son implication dans le putsch manqué
« Je reconnais les faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat, mais pas ceux de meurtre et de coups et blessures volontaires », a déclaré l’accusé.
Le 16 septembre 2015, des soldats de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP, dont faisait partie l’adjudant) ont interrompu le conseil des ministres qui se tenait au palais présidentiel et retenu de force le président de la transition Michel Kafando, l’ex-Premier ministre Isaac Zida, et les ministres Réné Bagoro et Augustin Loada.
A la barre, l’adjudant-chef major de 52 ans, marié et père de quatre enfants, a expliqué qu’au matin du 16 septembre 2015, le sergent-chef Roger Koussoubé l’a instruit de ce que le général Gilbert Diendéré lui demande (à Badiel) de procéder à l’arrestation de Michel Kafando, d’Isaac Zida, de Réné Bagoro et d’Augustin Loada.
Dubitatif et perplexe, il en aurait aussitôt parlé (en présence de Koussougbé) à l’adjudant Jean-Florent Nion, lequel s’est proposé de contacter le général pour en avoir confirmation.
Après confirmation par Jean-Florent Nion de l’instruction, Eloi Badiel dit avoir fait appel à des soldats « expérimentés » (plutôt qu’à des novices), à qui il a donné l’ordre d’exécuter la mission sans le moindre coup de feu.
Il a en l’occurrence fait appel à Mahamadou Bouda (chef de groupe au groupement des unités spéciales de l’ex-régiment de sécurité présidentielle, pour sa connaissance de l’enceinte de la présidence), à l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo (qui a procédé aux arrestations avec Jean-Florent Nion), à l’adjudant Ouékouri Kossé (pour observer tout mouvement suspect dans le périmètre où se trouvaient les autorités).
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté de septembre 2015. Parmi les accusés figurent le général Gilbert Diendéré, chef de l’ex-RSP (garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.
La résistance populaire à la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.
A la barre, répondant à une question du parquet militaire, Eloi Badiel a déclaré qu’ »après trois ans passés à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), si tout ce qui s’est passé était à refaire », il ne le referait pas.