Le sergent-chef Adama Diallo, onzième accusé interrogé vendredi dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina, fait partie des accusés qui ont reçu chacun un transfert de près de deux millions FCFA d’un numéro de téléphone de Côte d’Ivoire, lors des événements, a souligné le parquet.
Le sergent-chef Adama Diallo aurait reçu 2 millions dans putsch manqué
Le parquet militaire a souligné lors de son interrogatoire à la barre que l’accusé de 44 ans, marié et père de trois enfants, fait partie des accusés qui ont reçu chacun, le 18 septembre 2015, un transfert de 1.941.000 FCFA d’un numéro de téléphone de Côte d’Ivoire.
Parmi ses accusés figurent notamment l’adjudant-chef major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion.
Interrogé par le parquet sur le motif de ce transfert, Adama Diallo n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le 16 septembre 2015 des soldats de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP, dont faisait partie le sergent-chef) ont interrompu le conseil des ministres qui se tenait au palais présidentiel et retenu de force le président de la transition Michel Kafando, l’ex-Premier ministre Isaac Zida, et les ministres Réné Bagoro et Augustin Loada.
Adama Diallo a reconnu avoir participé à l’arrestation des autorités. Il a expliqué ‘être rendu à la résidence présidentielle après avoir reçu « un coup de fil de Florent Nion » agissant sur instruction de Badiel Eloi.
Sitôt arrivé et alors en civil, il aurait été « sommé d’enfiler un gilet pare-balle et d’embarquer dans un véhicule pour la présidence ».
« J’ai eu peur et j’ai embarqué dans le véhicule », a-t-il dit, expliquant redouter « ce qui serait arrivé » s’il refusait d’obéir.
A la présidence, il dit avoir assisté aux arrestations, effectuées par Florent Nion et l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo.
Le sergent-chef Diallo a indiqué qu’au moment des évènements, il était détaché au domicile de l’ex-chef d’Etat guinéen Dadis Camara (en exil à Ouagadougou), en tant que responsable de la sécurité.
Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation aggravée de biens, il ne reconnait aucun des faits qui lui sont reprochés.
Concernant le chef d’accusation de dégradation aggravée de biens, son avocat Me Timothée Zongo, a souligné qu’il a été inculpé « sur la base d’une erreur matérielle » intervenue lors de la phase d’instruction.
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté de septembre 2015. Parmi les accusés figurent le général Gilbert Diendéré, chef de l’ex-RSP (garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.