L’adjudant Ardjouma Kambou, dix-huitième accusé interrogé samedi dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina, a soutenu que refuser de faire partie de l’escorte du général Gilbert Diendéré à laquelle il a été affecté lors des événements « aurait pu comporter un risque » pour lui.
Ardjouma Kambou apprend la tentative d’une coup d »Etat à la radio
Selon l’adjudant (sergent-chef lors des événements) de 42 ans, marié et père de deux enfants, refuser de faire partie de l’escorte du général Gilbert Diendéré à laquelle il a été affecté par l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo, « aurait pu comporter un risque » pour lui.
Ardjouma Kambou a expliqué que le 16 septembre 2015, n’étant pas en service, il a appris à la radio qu’une tentative de coup d’Etat menée par des éléments de son corps était en cours. Le président de la transition Michel Kafando, l’ex-Premier ministre Isaac Zida, et les ministres Réné Bagoro et Augustin Loada, avaient été arrêtés en plein conseil des ministres.
Il s’est dès lors rendu à son poste de garde à la présidence (il montait d’ordinaire la garde à l’entrée principale de la présidence) pour s’ »imprégner » de la situation.
C’est là que Moussa Nébié l’a affecté à l’un des véhicules devant faire partie de l’escorte de Diendéré. Cette mission d’escorte, il l’a effectuée de la soirée du 16 septembre jusqu’au départ de Diéndéré de chez le Mogho Naaba (chef des Mossi), à qui le général a rendu visite le 21 septembre.
« Rambo avait un comportement qui ne me plaisait pas, je n’avais pas confiance en lui et lui en moi », a avancé l’adjudant comme l’une des raisons fondamentales qui l’ont poussé à mettre fin à la mission d’escorte.
Kambou a soutenu qu’étant « le beau » de Michel Kafando (neveu de son épouse), il a été affecté à cette mission car « il fallait pour certains » qu’il soit à proximité afin d’avoir l’œil sur lui.
Le matin du 17 septembre, avec l’aval de l’adjudant-chef major Eloi Badiel, Ardjouma Kambou a escorté à la résidence présidentielle l’épouse de Kafando (sa tante), qui a apporté aux autorités qui y étaient détenus leur premier repas depuis leur arrestation.
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté de septembre 2015. Parmi les accusés figurent le général Gilbert Diendéré, chef de l’ex-RSP (garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.
La résistance populaire à la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.
Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres et complicité de coups et blessures volontaires, Ardjouma Kambou, ne reconnait aucun des faits qui lui sont reprochés.
Son avocat, Me Idrissa Badini, a soutenu qu’il n’avait « absolument aucun intérêt à participer à la réussite d’un coup d’Etat alors que son beau (Kafando) était aux affaires ».