Le tribunal de Yaoundé a rejeté jeudi la demande de mise en liberté formulée par les avocats de Ayuk Tabe et ses codétenus interpellés début janvier à Abuja, au Nigeria, puis extradés au Cameroun, selon leur conseil.
La demande de Ayuk Tabe rejetée par le tribunal
« On a rejeté le dossier disant qu’il est irrecevable en la forme », a déclaré Me Fru John Soh, annonçant que la défense « va faire appel de la décision » rendue, après un huis clos de plus d’une heure avec le juge,
Le 12 août, les avocats de Ayuk Tabe et neuf autres leaders sécessionnistes, considérés comme les instigateurs de la crise sociopolitique qui touche, depuis plus d’un an, les régions anglophones du Cameroun, leur mise en liberté immédiate, dans une requête aux fins d’habeas corpus.
Interpellés début janvier au Nigeria, puis extradés au Cameroun, ils sont détenus au secrétariat d’Etat à la défense (SED), « sans avoir eu accès à leurs avocats. »
La procédure exigeait la présence des tous les détenus », a ajouté l’avocat principal de la défense, dénonçant « un vice de procédure. »
Selon Me Fru Soh, le tribunal, qui « ne devait pas ouvrir le dossier, l’a fait parce que les trois avocats désignés par le gouvernement camerounais pour assurer la défense de Ayuk Tabe et ses codétenus ont désisté. »
Il s’est dit « pas surpris » du rejet de la demande de mise en liberté immédiate de ses clients, « parce que la politique s’est immiscée dans le système judiciaire du Cameroun.
« Les avocats désignés par les détenus ont tenté quatre fois d’entrer en contact avec leurs clients au SED, mais on nous barré la voie », a déploré Me Ndong Nveh, un autre membre du conseil, estimant que le gouvernement ne peut pas imposer d’avocats aux détenus.
En novembre 2017, les autorités camerounaises avaient émis des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre des leaders du Southern Cameroon National Council (SCNC), un mouvement créé en 1995 et interdit de toutes activités par le gouvernement.
Les activistes manifestent en faveur de l’établissement d’un nouveau pays imaginaire, baptisé république d’Ambazonie, qui englobe le Nord-ouest et le Sud-ouest du Cameroun, des régions anglophones qui couvrent une superficie de 43.700 km².