Désormais, il suffit d’un rien pour que la population de Bouaké soit sur le qui-vive et plongée dans un état psychotique. C’est le triste constat qui a été fait, ce jeudi, après des détonations produites par des feux d’artifice dans un quartier résidentiel de la capitale du Gbêkê.
Bouaké, la ville de toutes les psychoses
Depuis l’éclatement de la crise militaro-politique, en septembre 2002, et l’installation de son fief au centre du pays, Bouaké a perdu de sa quiétude et de son lustre d’antan. Les mutineries, les parades militaires, les braquages à main armée, des affrontements entre clans rivaux à l’arme de guerre… sont autant de situations qui ont plongé la population du Gbêkê dans une profonde psychose, au point où un simple petit bruit retient l’attention de tous.
Des individus sans vergogne prennent pourtant le malin plaisir de troubler la quiétude de ces Bouakéens qui ont les nerfs à fleur de peau. Il ressort des faits que des quidams ont brulé des feux d’artifice, ce jeudi, dans le quartier Air-France 2, non loin du marché. Les déflagrations qui s’en sont suivies ont créé une telle panique que chacun prenait ses jambes à son cou. Pensant à une mutinerie ou à un affrontement armé, les habitants de ce quartier résidentiel n’ont eu d’autres réflexes que de se mettre à couvert chez eux.
Un témoin de cette scène a vertement condamné les auteurs, non encore identifiés, de ces coups de pétards : « Au moment où le temps est tendu comme ça, ce sont des choses à ne pas faire. Même si ce sont des enfantillages, ces vagabonds, comme je peux les appeler, devraient attendre au moins pendant les fêtes pour faire ces genres de bêtises. »
C’est le lieu de rappeler que Bouaké, ancien fief de la rébellion, est devenu l’épicentre de toutes les contestations d’ordre militaire en Côte d’Ivoire. Aussi, la population vit dans un état post-traumatique qui nécessite que les autorités compétentes veillent à ce que l’ordre public ne soit plus troublé de la sorte. Quitte à rechercher, juger et punir, à titre d’exemple, les auteurs de cet incident. Tuo Fozié, le nouveau préfet de la ville, est donc interpellé pour ramener le calme dans cette cité qu’il connait d’ailleurs très bien.