D’après un audit réalisé par le cabinet Ernst & Young et Deloitte, Air Côte d’Ivoire a cumulé d’énormes pertes qui se chiffrent à environ 100 millions d’euros depuis 2012. La direction générale de la compagnie aérienne nationale avait donc été accusée de mauvaise gestion.
Air Côte d’Ivoire, la Direction générale fait des précisions
Réfutant les allégations de mauvaise gestion, la Direction générale d’Air Côte d’Ivoire a produit un communiqué dans lequel elle est fustige des articles de presse qui sont loin de dépeindre les réalités existantes au sein de la Compagnie. Aussi, les patrons de la compagnie ivoirienne ont-ils décidé d’apporter des clarifications quant à leur gestion afin d’éviter des amalgames qui pourraient faire fuir la clientèle.
Notons qu’Air Côte d’Ivoire dispose d’une flotte de 10 avions, dont 6 de la famille Airbus A 320, de 120 à 150 places et 4 Bombardier Q400 de 67 places. Les 4 Bombardiers, acquis neufs, sont destinés au réseau domestique et au proche régional. René Decurey en est le Directeur général et le Général Abdoulaye Coulibaly est le Président du Conseil d’Administration (PCA). Le capital de la compagnie détenu à 51 % par l’État ivoirien, 15% par le fonds Golden Road, et 14 % à des investisseurs privés.
Communiqué de la Direction générale d’Air Côte d’Ivoire
Chers clients,
Chers partenaires commerciaux et financiers,
Depuis plusieurs mois, la compagnie Air Côte d’Ivoire fait l’objet d’articles réguliers dans La lettre du continent. Dans sa dernière parution, en date du mercredi 19 septembre 2018, le magazine en ligne lui consacre une nouvelle colonne intitulée « Du plomb dans l’aile pour Air Côte d’Ivoire » dans laquelle elle allègue des manquements dans la gestion de la compagnie et la découverte d’une perte cumulée de 65,5 milliards de FCFA par un audit.
Devant la récurrence de ces publications orientées, la compagnie Air Côte d’Ivoire a souhaité restituer la réalité de sa situation financière à l’opinion publique et mettre fin à la suspicion entretenue par le magazine en ligne.
Air Côte d’Ivoire a été créée en mai 2012 et a démarré ses vols commerciaux le 13 janvier 2013.
Comme toute nouvelle entreprise, Air Côte d’Ivoire a connu une phase de création, une phase de lancement, et est entrée dans la phase de développement qui précède la maturité…
Ces différentes phases dans la vie d’une entreprise sont relativement longues dépendamment du secteur d’activité.
Après une phase de lancement réussie, la compagnie continue ses opérations dans un secteur d’activité complexe, fortement capitalistique qui, contrairement à d’autres industries, délivre un retour sur investissement relativement faible de l’ordre de 3% dans des délais très long.
Air Côte d’Ivoire poursuit ses investissements pour réussir la phase de développement.
Cette phase, consommatrice d’importants capitaux, intervient malheureusement dans une conjoncture défavorable à cause du coût du pétrole.
Ainsi, conformément au plan d’affaires adopté par son conseil d’administration, dans ses phases de création, de lancement et de développement, les pertes cumulées devaient être de 60,250 milliards à la fin de l’exercice 2017.
Cette prévision tenait compte de plusieurs hypothèses majeures dont le cours du baril de pétrole et le renouvellement de la flotte finalisé au 31 décembre 2016.
Toutefois, à la fin de l’exercice 2017, le total des pertes cumulées s’établit à 65,5 milliards de FCFA.
Cette perte s’explique par deux facteurs essentiels :
. L’évolution exponentielle du cours du baril de pétrole (plus de 64% sur
les trois dernières années)
. Le retard accusé dans le renouvellement de la flotte.
Soulignons que le business plan prévoyait la fin du renouvellement de la flotte pour l’année 2016. Mais, les difficultés de mise en œuvre du financement de ce plan ont fait bouger cette hypothèse fondamentale de 5 ans.
Les dernières machines espérées en 2016 ne seront livrées qu’en 2021.
Le niveau de pertes est intimement lié au secteur d’activité. Il est connu de tous que le transport aérien est une activité qui nécessite d’importantes ressources financières tant en investissement qu’en exploitation.
Le non-respect des règles de passation de la commande publique est également indexé par la Lettre du Continent dans sa publication.
Le détail des achats effectués en dehors de la procédure de passation des marchés figure dans le bilan de gouvernance de l’année 2017 annexé au rapport général des commissaires aux comptes de la même année :
Il indique clairement que la raison principale pour laquelle certaines dépenses n’ont pas été exécutées conformément aux procédures des Marchés Publics est qu’elles relèvent de domaines techniques et très spécialisés pour lesquels le nombre de prestataires reste limité (Achat de carburant ou d’équipements Avions) représentant 93% du total des dépenses concernées.
En sa qualité de société à participation financière publique, Air Côte d’Ivoire se conforme à la procédure du Code des Marchés Publics, à chaque fois que la nature du marché et les délais le permettent. Ainsi la compagnie a-t-elle conduit avec la Direction des Marchés Publics les consultations pour l’attribution des marchés relatifs aux services de transit, à la confection des uniformes et ceux de la sûreté…, par souci de transparence, là où elle n’était pas toujours tenue de le faire.
La particularité de l’industrie du transport aérien induit des exigences de réactivité et de sécurité de la navigation aérienne qui s’accommodent difficilement avec le dispositif prévu par le Code des Marchés Publics. Par ailleurs du fait des concessions publiques, certaines prestations de services sur les plateformes aéroportuaires d’Abidjan et de la sous-région sont rendues de façon monopolistique.
Tenant compte de ces paramètres, les pouvoirs publics ont aménagé par l’arrêté N°199/MEF/DGBF/DMP du 21 avril 2010, un régime d’exemption à l’obligation de se soumettre aux procédures du Code des Marchés Publics pour les services de maintenance, d’assistance et de sûreté.
Une autre exemption a été consentie pour l’exercice 2018 à l’achat de carburant, au catering et à l’acquisition des aéronefs.
Pour les marchés dont les montants sont inférieurs au seuil déclenchant la procédure d’appel d’offres, Air Côte d’Ivoire applique par principe, lorsque cela est possible, la mise en concurrence des fournisseurs.
Enfin, contrairement à ce qui est insinué par la Lettre du Continent, les cabinets Ernst & Young et Deloitte sont intervenus en leur qualité de commissaires aux comptes dans le cadre d’un audit légal visant à assurer les actionnaires et les tiers de ce que les états financiers qui leur sont présentés donnent une image fidèle des performances et de la situation financière de la compagnie.
Il s’agit d’une mission menée chaque année pour toutes les sociétés commerciales et non d’un audit spécialement diligenté.
S’agissant d’une société qui ne fait pas appel à l’épargne publique, il est regrettable que ces informations sensibles soient sorties de leur contexte et divulguées aussi largement. Dans la phase critique de développement de la compagnie, cette situation est de nature à contrarier la mise en œuvre de ses projets en véhiculant à dessein une image erronée de sa gestion.
En 5 ans, malgré toutes les évolutions des hypothèses, nous sommes quasiment en ligne avec notre business plan.
Air Côte d’Ivoire avec les investissements réalisés, représente aujourd’hui :
. 23 destinations couvertes,
Une flotte de 10 avions dont 6 en acquisition (moyenne d’âge des avions 3 ans),
. Le Leader absolu du transport aérien en Afrique de l’Ouest et du Centre avec plus 54% de part de marché,
. 650 emplois directs et plus de 3000 emplois indirects,
. 2,8 millions de passagers transportés en 5 ans dont 850 000 sur 2017,
. 326,186 milliards de chiffre d’affaires cumulés en 5 ans
Malgré cette bonne performance commerciale, Air Côte d’Ivoire fait face au poids des tarifs élevés des entreprises évoluant en situation de monopole sur l’aéroport d’Abidjan et dans la région, des redevances imposées par les structures qui gravitent autour de l’aéroport. Cette situation plombe sa rentabilité.
Une meilleure répartition de cette richesse créée par la compagnie entre les différents intervenants de la plateforme aéroportuaire d’Abidjan est une condition sine qua none pour garantir la profitabilité d’Air Côte d’Ivoire.
La direction de la compagnie réaffirme son engagement à travailler, dans le respect des standards élevés de bonne gouvernance, à sa pérennité et à en faire un instrument au service du développement de la Côte d’Ivoire et de l’intégration africaine.
LA DIRECTION GÉNÉRALE