Arborant des tee-shirts de diverses couleurs à l’effigie du président camerounais qui brigue un 7e mandat à la tête du pays, plus de 3.000 acteurs du secteur informel se sont réunis à l’hôtel de ville Yaoundé, pour témoigner de leur soutien à Paul Biya (85 ans).
Biya soutenu par le secteur informel camerounais
Dans la vaste cour qui abrite la cérémonie, chaque corporation se distingue par son style d’animation. Les conducteurs de motos paradent dans un concert de klaxons, tandis que les sauveteurs et revendeuses de produits vivriers s’égosillent dans des chants à l’honneur de Biya.
Tour à tour, les responsables des sauveteurs du Cameroun, motos-taximen, des bayam-sellam (revendeuses de produits vivriers) se succèdent à pupitre pour appeler à « voter » le président sortant le jour du scrutin, et ne surtout pas accorder leurs suffrages à des « aventuriers », sous les clameurs de la foule.
« Paul Biya est le candidat qui assure et rassure », lance Merlin Ngoula, le président de l’association des sauveteurs du Cameroun, en présence du ministre de l’Administration territoriale, Atanga Nji et Etoundi Ngoa, son collègue des Petites et moyennes entreprises.
Comme pour témoigner de leur bonne foi, des leaders d’association demandent à leurs membres de présenter leurs cartes d’électeur, non sans soumettre des doléances aux membres du gouvernement.
Assis confortablement sur sa moto, Aliyou Nsangou, le conducteur d’une trentaine d’années dit avoir plusieurs raisons de voter pour le président en fonction depuis le 6 novembre 1982.
« C’est le père de la nation. Il a commencé ce que personne d’autre ne pourra gérer comme il le faut », soutient Nsangou, vêtu d’un tee-shirt rouge à l’effigie du président candidat.
Quant à Boubacar Bakary, son collègue, il préfère faire confiance à Paul Biya avec qui il « n’a jamais eu de problème ». Echarpe nouée au cou, le trentenaire déclare avoir « reçu des propositions financières » de militants d’autres partis, mais qu’il a décliné.
« Le président compte sur vous et n’oublie personne », a confié Atanga Nji, aux acteurs du secteur informel, tout en se réjouissant de leur mobilisation.
Candidat du Rassemblement démocratique pour le peuple camerounais (RDPC), M. Biya promet d’ »améliorer les conditions de vie des Camerounais, de sauvegarder l’unité nationale et l’intégrité du territoire » ou encore « de renforcer l’innovation en faisant du Cameroun un pôle africain de référence dans l’économie numérique. »
Au Cameroun la campagne pour la présidentielle se tient dans un contexte marqué par une crise sécuritaire dans les régions anglophones du pays.
Depuis fin 2016, le Nord-ouest et le Sud-ouest, traversent une crise. Débutée par des revendications corporatistes des avocats anglophones et des enseignants, pour protester contre certaines discriminations », elle s’est muée en conflit armé, fin 2017.
Les combats entre les forces de défense et de sécurité camerounaises et différents groupes séparatistes armés sont devenus quasi-quotidiens, depuis l’interpellation au Nigeria et l’extradition début janvier de Sisiku Ayuk Tabe (leader séparatiste) et de neuf autres personnes. Cette situation a favorisé le déplacement de plus 160.000 personnes.
Huit candidats dont Akere Muna (Front populaire pour le développement, FPD), Joshua Osih (Social democratic front, SDF) et Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun, MRC) affrontent le président sortant pour le scrutin du 7 octobre.