Spots vidéo sur écrans géants, panneaux publicitaires, banderoles, Paul Biya, le chef d’Etat de 85 ans qui vise un 7e mandat à la tête du Cameroun, est à l’affiche partout à Yaoundé, contrairement à ses challengers, quasi-invisibles dans la capitale politique.
Biya en roue libre
Biya, qui semble n’avoir négligé aucun détail, a certainement misé sur ses 35 ans d’expérience passés au pouvoir pour mettre les petits plats dans les grands. Sur toutes les artères, les poteaux électriques, et même dans les petits endroits de la ville, seules ses affiches restent visibles.
Sur les grandes affiches disséminées aux quatre coins de Yaoundé, le porte-étendard du Rassemblement démocratique pour le peuple camerounais (RDPC) affiche un grand sourire sur un fond bleu, avec pour slogan de campagne « Paul Biya, la force de l’expérience », décliné à la fois en français et en anglais, les deux langues officielles du pays.
En dehors de la capitale, des camions podium montés de vidéos projecteurs parcourent les régions du pays en diffusant en boucle des projets déjà réalisés ou en voie d’achèvement dans le pays, notamment le port de Kribi (sud) que le chef de l’Etat devrait officiellement inaugurer, la construction du deuxième pont sur le wouri (construit depuis 2013 sur le fleuve Wouri, région du Littoral) et le barrage de Lom-Pangar (projet localisé dans la région de l’Est).
Dans la ville, il n’est pas aisé de trouver les affiches de Joshua Osih, du Social democratic front (SDF), le principal parti d’opposition camerounaise, celles de l’ex-ministre délégué à la Justice Maurice Kamto ou encore de l’ancien-bâtonnier Akere Muna et des quatre autres candidats engagés dans la bataille présidentielle.
Dans certaines rues, seules quelques images de Garga Haman Adji, candidat de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) sont perceptibles sur des murs défraîchis, et celles de Joshua Osih dans une moindre mesure, sur des panneaux dénombrables.
Paul Eric Kingué, le directeur de campagne de Maurice Kamto accuse le parti au pouvoir de se servir de l’argent des Camerounais pour faire campagne : « on a pris l’argent des Camerounais pour louer des avions cargo afin de transporter » des gadgets du RDPC.
Selon des sites d’information du Cameroun, Paul Biya a engagé pour un an (août 2018-août 2019), un nouveau cabinet Mercury pour sa campagne médiatique et le lobbying dont les prestations s’élèvent à 55 millions FCFA et 660 millions F l’année.
Face au monopole exercé par le président candidat, M. Kingué a saisi Elections Cameroun (ELECAM, commission électorale) pour « solliciter l’enlèvement des affiches de M. Biya pour violation flagrante des dispositions en la matière. »
Le candidat du RDPC a pris en situation de monopole les régies », indique Sosthène Lipot, le conseiller en communication de Kamto, dénonçant une « violation de la loi de 1988, sur la publicité au Cameroun. »
« Il aurait fallu faire comme à la radio et à la télévision, où un temps d’antenne égal est accordé à chaque candidat », poursuit le conseiller de Kamto.
Sosthène Lipot soutient avoir « demandé que les candidats occupent une seule enseigne sur un espace donné », soutenant que son parti a adopté comme alternative le « porte-à-porte. »
Pour combler leur absence sur les panneaux publicitaires, les adversaires de Biya intensifient leur présence à la radio, sur les réseaux sociaux et plateaux de télévisions privées.
Dimanche, Paul Biya sera opposé à huit candidats dont Joshua Osih du Social democratic front (SDF), le principal parti d’opposition camerounaise, Marice Kamto (ex-ministre délégué à la Justice) et l’ancien bâtonnier Akere Muna.