Candidat à un septième mandat à la tête du Cameroun, Paul Biya, l’un des plus anciens chefs d’État en activité sur le continent africain, semble ne pas manquer de ressource et de soutien pour gouverner son pays bien au-delà de ses 90 ans.
Biya toujours à la page
« Je compte sur vous pour faire le 7 octobre, le choix qui nous permet d’avoir de nos côtés la force de l’expérience », avait invité le 29 septembre 2018, à Maroua (Extrême-nord), le président sortant, lors de l’unique meeting, marquant également sa première sortie en province depuis 2012.
Si ses partisans évoquent des progrès politiques, économiques, la mise en œuvre d’une véritable démocratie, la stabilité du pays, ses opposants dénoncent l’autoritarisme, la pauvreté grandissante, le chômage galopant des jeunes, la corruption, les absences répétées hors du pays et son âge très avancé.
Des organisations internationales dont Amnesty international accuse le régime de Paul Biya de commettre des violations des droits de l’homme.
Tout comme le candidat du principal parti d’opposition au Cameroun, qui pense qu’il est l’unique responsable de la crise secouant le Nord-ouest et le Sud-ouest, les deux régions anglophones du pays.
Né de l’union entre Anastasie Eyenga Ellé et d’Étienne Mvondo Assam, un catéchiste, il voit le jour le 13 février 1933 à Mvomeka’a (Sud).
Il débute ses études à l’Ecole catholique de Nden (bourgade située dans la région du Centre), puis au séminaire d’Édéa (région du Littoral) et Akono (région du Centre), rejoint le Lycée Leclerc de Yaoundé avant de s’envoler pour la France où il poursuit son cursus.
A Paris, Popol (comme on le surnomme) est inscrit au lycée Louis-le-Grand, avant de retrouver à l’université de la Sorbonne, l’Institut d’études politiques, où il obtient une licence en droit public en 1961 et celui des hautes études d’outre-mer.
Sa carrière politique, il la débute en 1962, en tant que chargé de mission à la présidence de la République, sous Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun et gravi rapidement gravi tous les échelons.
Nommé ministre secrétaire général à la Présidence, en 1968, il est promu Premier ministre (30 juin 1975), par Ahidjo, qui démissionne le 4 novembre 1982.
Après la démission de celui-ci, il prend la tête de Cameroun deux jours plus tard. Deux ans après son accession au pouvoir, il fait face à une tentative de coup d’Etat. Auteur d’un livre « Pour le libéralisme communautaire », paru en 1987, il a épousé en secondes noces Chantal Pulchérie Vigouroux, réputée pour son style et ses coiffures, après le décès de sa première épouse, Jeanne Irène.
De cette union naissent Junior et Brenda Biya, tous deux admis à l’Ecole nationale de la magistrature (Enam) de Yaoundé.
Âgé de 85 ans, Biya dont « le mandat est éloquent, est prêt à gouverner encore pendant sept ans jusqu’à 92 ans », selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, par ailleurs secrétaire à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) « Les Camerounaises et les Camerounais vont reconduire » le président, prédit Fame Ndongo qui présente le chef de l’Etat sortant comme un « homme sage, équilibré, pondéré et respecté au Cameroun, en Afrique et à travers le monde. »
Candidat du RDPC qu’il a créé en 1985, Biya est soutenu par plusieurs partis politiques alliés, des formations de l’opposition et des célébrités du monde sportif, notamment Samuel Eto’o et Rigorbert Song.