Aux alentours du stade Ibar Mar Diop de la Médina de Dakar (quartier populaire) une foule cosmopolite se côtoie au marché des « gris-gris« , spécialisé dans la vente d’objets magiques, considéré comme un lieu de pèlerinage pour des Sénégalais en quête de pouvoirs surnaturels.
Un marché de gris-gris à dakar pour faire prospérer le business
La ruelle située à quelques encablures du stade ne semble avoir aucun secret pour tout dakarois aspirant au pouvoir, faire fortune ou se protéger des sorts maléfiques.
Ces produits qui se déclinent en plusieurs genres (amulettes, mixtures…) semblent très prisé par les commerçants, les lutteurs ou toutes autres personnes autres personnes désireuses de faire prospérer leurs affaires.
Installés les uns après les autres sur l’avenue Blaise Diagne, ces vendeurs d’objets magiques visibles à la première vue, accostent les passants pour leur proposer leurs marchandises.
Confortablement installé derrière son étal, Sanoussi Issaka, la trentaine y officie depuis plus de trois ans en commercialisant « toutes sortes de potions magiques. »
Le commerçant nigérien déclare disposer de potions pour rendre financièrement prospère, se protéger du mauvais œil etc…
Sur son étal, on trouve des poudres de toutes les couleurs (rouges, jaunes, blanches, noires etc), des pattes de poulets sur lesquels sont inscrites des écritures arabes, des peaux de tout type de reptiles, des cauris et miroir, pour « la protection contre les sorciers ».
« Nos principaux clients sont des Sénégalais, ils aiment trop tout ce qui est mystique, ils ont des gris partout, dans les maisons, voitures, portefeuille, cheveux », confie Sanoussi, d’un rire moqueur.
Les produits « varient selon les besoins du client (mariage, chance, fortune, protection contre le mauvais œil), mais aussi de son portefeuille », explique le marchand, précisant que « le plus petit prix est fixé 10.000 FCFA. »
Harouna, la quarantaine fait venir ses « marchandises du Niger car certains marabouts ou des charlatans » lui « demandent parfois des produits rares ». Dans une langue locale du Niger (Haussa), il confesse qu’une des clientes assise est venue chercher la peau d’un hippopotame que son marabout lui a prescrit, afin de devenir riche.
D’un rire moqueur, il ajoute qu’elle devra « attendre au moins trois semaines pour avoir ce produit mais payer très cher. »
Selon Mamadou, certains marquent leur scepticisme au début, mais revienne après l’avoir essayé.
« Il n’y aucun client qui achète nos produits et ne revient pas, ce n’est pas possible », s’exclame- t-il, en prononçant des incantations.
Chauffeur de taxi depuis plusieurs années, Pape Diop est un « fidèle client » de la rue des gris-gris, en témoigne la présence d’au moins une dizaine de talisman dans son véhicule.
« J’achète tous les produits que mes charlatans me prescrivent afin que mon activité puisse marcher. C’est l’Afrique on croit fermement à nos traditions », dit t-il en riant aux éclats.