Au lieu de faire descendre du taxi sa bouteille de gaz de 12kg, comme elle le fait chaque mois, Assan keita, mère de famille résident à Lafiabougou, au pied d’une colline à Bamako, est revenue cette fois chez elle avec un sac de charbon de 50Kg, en attendant la fin de la grève des distributeurs de gaz, entamée depuis un mois au Mali.
A défaut du gaz, les ménages se contentent du charbon de bois
Depuis début octobre, les distributeurs de gaz butane à usage domestique au Mali, qui réclament près de 3,5 milliards de FCFA d’arriérés de subventions à l’Etat malien ont engagé une grève illimitée, pour exiger leur dû.
« Quand la grève a commencé, on ne trouvait pas de gaz du tout. J’achetais les sachets de charbon vendus à 100 FCFA, croyant que cela allait durer quelques jours », a expliqué Assan Keita, ajoutant qu’ »avec les semaines que ça prend, j’ai préféré acheter le sac de 50 Kg pour faire des économies ».
Tout comme Mme Keita, Drissa Touré, un fonctionnaire de 53 ans, a profité de sa pause de la mi-journée pour venir s’acheter un sac de charbon, dans les environs du rond-point Bougibâ, dans le quartier chic de ACI 2000.
« J’ai découvert cet endroit de vente de charbon depuis quelques jours, sur indication de mon collègue de service », a dit M. Touré, estimant qu’ »avec la grève des distributeurs de gaz, il fallait trouver une alternative pour pouvoir avoir du feu à la maison ».
« Ce sac de 50 Kg m’a coûté 5.000 FCFA. J’ai préféré le prendre à ce prix-là, parce que certains vendeurs le font à 4.500 FCFA, mais avec du charbon de mauvaise qualité », soutient Drissa Touré.
Une durée de grève plutôt inhabituelle
« Depuis près de 10 ans que je suis au Mali, c’est la première que le gaz est absent aussi longtemps sur le marché », affirme Félicité, une restauratrice Ivoirienne, la trentaine, installée à Sébénikoro, non-loin de la résidence officielle du président malien, Ibrahim Boubacar Kéita.
« Avec cette grève, je suis obligée de faire la cuisine avec du charbon, mais j’avoue que c’est lent et épuisant », décrit Félicité, qui « espère que les choses reviendront à la normal », afin de lui permettre de ménager ses efforts.
Dans le quartier populaire de Badalabougou, Oumar, l’un des nombreux revendeurs de gaz de la capitale malienne se targue de ne pas faire de surenchère sur les rares bouteilles que lui livrent à l’occasion, les distributeurs.
« Malgré la grève et les quelques bouteilles que je reçois, deux ou trois fois dans la semaine, les prix du gaz n’ont pas changé dans mon magasin », affirme Oumar qui a toujours cédé, selon lui « la bouteille de 6Kg à 3.500 FCFA et 5.500 FCFA celle de 12Kg ».
A moins de 200 mètres du magasin d’Oumar, Mory, un autre revendeur fait les mêmes bouteilles de 6 et 12 Kg, respectivement à 5.000 et 8.000 FCFA.
« Comme j’ai beaucoup de clients qui veulent le gaz en même temps, je donne à celui qui a le plus d’argent », justifie Mory, avec un peu de remord, car il reconnait que « les prix de gros de (ces bonbonnes) n’ont pas varié ».
Se disant « conscient de l’importance du gaz dans la vie des ménages et de la restauration », les distributeurs de gaz au Mali, affirment que « bien qu’ayant annoncé une grève illimitée », ils ont « simplement réduit la cadence de livraison du gaz, afin d’attirer l’attention des autorités maliennes », qui ne se sont pas encore prononcées sur la question.