L’on s’imaginait quel pourrait être l’état d’esprit de Laurent Gbagbo à l’annonce du décès de Sangaré Aboudrahamane. Charles Blé Goudé, codétenu de l’ancien président ivoirien à la prison de Scheveningen, décrit comment ils ont vécu, depuis leur cellule, cette foudroyante nouvelle.
Comment Gbagbo et Blé Goudé ont vécu la mort de Sangaré
Aboudrahamane Sangaré est décédé, ce 3 novembre 2018, alors qu’il était en plein combat politique pour le retour aux affaires du Front populaire ivoirien (FPI) en 2020. Cette mort brusque et inattendue a créé émoi et consternation aussi bien chez ses camarades de parti que dans toute la classe politique ivoirienne. Mais bien plus. Au-delà de tous les Ivoiriens qui continuent de pleurer le « Gardien du temple« , il y en a un qui est très affecté.
Il s’agit de Laurent Gbagbo dont c’est un proche compagnon depuis près d’une quarantaine d’années. Transféré à la Cour pénale internationale (CPI), fin novembre 2011, l’ancien président ivoirien lançait à l’égard de ses partisans : « Si Aboudrahamane Sangaré tient, c’est que je tiens. » C’est dire combien ces deux compagnons de lutte développent cette complicité depuis belle lurette.
Aussi, l’ancien leader de la Galaxie patriotique, Charles Blé Goudé, raconte comment il a appris la nouvelle de la mort de Sangaré, et comment Gbagbo a ressenti la perte de son ami et frère.
Le récit de Charles Blé Goudé sur la mort de Sangaré
Le samedi 03 novembre 2018, le Président Laurent GBAGBO, me demande d’arrêter ce que je faisais ce matin-là pour le suivre dans sa cellule. Sans hésiter, je m’exécute. Le Président qui avait une mine très grave, la gorge nouée, me dit : « Gbapê, assieds-toi, soyons forts ! On vient de m’annoncer le décès de mon ami Sangaré » …
Moi, j’ai perdu un doyen et j’ai mal ! Mais le président lui, au-delà du compagnon de lutte, vient de perdre son ami, son frère que sa mère ne lui a pas donné. Je le sais, il a mal, très mal même. Que faire ? Que dire ? Il y a des douleurs qu’aucun mot ne peut apaiser, c’est le cas de celle que le Président vit en ce moment. Nous parvenons tout de même à puiser au fond de nous-mêmes pour nous consoler.