Charles Blé Goudé entend prendre la parole, ce jeudi 22 novembre 2018, au terme de la plaidoirie de ses avocats, pour dire sa part de vérité. Mais la procureure Fatou Bensouda pose une condition préalable à cette intervention du leader de l’ex-galaxie patriotique.
Nouveau bras de fer entre Charles Blé Goudé et Fatou Bensouda
A la suite des 82 témoins de l’accusation, le juge-président Cuno Tarfusser avait autorisé les avocats de Laurent Gbagbo et ceux de Charles Blé Goudé à plaider l’acquittement de leurs clients. Aussi, depuis le 1er octobre dernier, l’audience relative à cette requête s’est ouverte avec le réquisitoire du bureau du procureur. Après une brève suspension, les débats ont repris, le 12 novembre avec la plaidoirie de l’équipe de défense de l’ancien président Laurent Gbagbo. Celle de son bras droit s’en est suivie.
Aussi, au dernier jour du passage à la barre des avocats du « Général de la rue« , celui-ci prévoit appuyer sa défense en disant ce qu’il sait de la crise postélectorale. Cependant, Fatou Bensouda vient de soulever une vive objection à ce que l’ancien ministre de la Jeunesse va dire à la barre.
Pour la procureure gambienne, « Blé Goudé est représenté par un conseil. Ce sont ses observations à ce stade de la procédure qui seront des plus utiles pour permettre à la Chambre de statuer sur l’absence de requête en réponse à la requête ». Elle estime donc que « toute déclaration de M. Blé Goudé – qu’elle soit assermentée ou non – n’est pas juridique. Il est donc incapable d’aider la Chambre de manière significative et ne fera que prolonger inutilement la procédure. »
Cependant, Mme Bensouda indique que « la question à trancher à ce stade est de savoir s’il existe des éléments de preuve sur lesquels une chambre raisonnable pourrait condamner. Un accusé ne peut maintenant pas « ajouter » au dossier de la cour, ni modifier autrement le fondement de la preuve, en faisant une déclaration non assermentée dans le contexte d’un non-lieu pour répondre. »
L’ancienne collaboratrice du Procureur Luis Moreno Ocampo estime par ailleurs que « compte tenu des contacts récents de M. Blé Goudé avec la presse ivoirienne, il est également possible qu’il utilise ces procédures comme un instrument politique ».
Par conséquent, Blé Goudé qui a choisi le mécanisme procédural d’un non-lieu aura toute la latitude de le faire si sa requête est rejetée. « M. Blé Goudé aura la possibilité de présenter une défense et de faire une déclaration non assermentée, voire de témoigner s’il le souhaite », se justifie-t-elle.
La défense de Charles Blé Goudé qui ne dévoile presque jamais sa stratégie dit n’être pas informée de cette objection de la procureure Bensouda.
Notons qu’à la suite des avocats de l’ancien leader de la FESCI, les juges se retireront pour délibérer afin de donner leur verdict à la requête des deux défenses.