« Nous sommes vraiment déçus. On ne s’attendait pas à cette décision qui nous met dans un choc vraiment inattendu », lance Limas Baisania, la vingtaine en réaction à la décision de la Confédération africaine de football (CAF) de retirer au Cameroun l’organisation de la CAN 2019 prévue dans sept mois.
Les Camerounais expriment leur déception après le retrait de la Can
Installé à l’entrée d’un immeuble au terminus Mimbonan, une zone marchande de Yaoundé, Limas, étudiant en biologie animale à l’université de Maroua (Extrême-nord), ne cache pas sa déception.
« Nous, nous disions que 2019 serait une année pour faire valoir le Cameroun à l’extérieur sur tous les plans », déclare le jeune homme « pas du tout fier » de cette décision. Un sentiment partagé par de nombreux Camerounais.
Dans les transports en commun, sur les réseaux sociaux et dans les rues, la « triste nouvelle » est au centre des causeries. « Quelle honte », ne manque pas de s’exclamer des passagers d’un taxi tout furieux.
Une décision un peu précipitée pour certains…
Réuni vendredi à Accra, le comité exécutif de la CAF a décidé de retirer au Cameroun l’organisation de la compétition, pointant « l’écart existant entre les exigences et la concrétisation sur le terrain des obligations du cahier de charges » de la (compétition).
A l’issue des travaux, le Cameroun devrait disposer de huit stades, notamment à Limbe (sud-ouest), Garoua (nord) et Bafoussam (ouest), en plus du stade Omnisports de Yaoundé, déjà réhabilité en 2016.
La confédération estime qu’ »un événement de la dimension d’une CAN, élargi désormais à 24 équipes, exige une organisation irréprochable et considéré qu’un simple report n’est pas envisageable en raison des impératifs de contrats l’engageant dans le maintien de ces dates. »
« Aujourd’hui, c’est comme si le pays a pris feu », s’exclame Paul Pelbara, la trentaine, venu rendre visite à un ami.
Le Cameroun qui a fait de « son mieux était prêt à accueillir » la compétition vu le déroulement des activités qui se passait », précise Limas, estimant que la crise sécuritaire à laquelle est confrontée le pays dans l’Extrême-nord, le Sud-ouest et Nord-ouest, « n’est pas une raison valable. »
« On ne peut pas se lever un matin et mettre tout en place », ajoute le jeune homme, estimant que « Ce n’était pas le bon moment. La CAF devrait « nous laisser encore un peu du temps (entre février et mars) », pour prendre sa décision, poursuit l’étudiant.
Quand bien même André Christian, un élève rencontré à l’esplanade du stade omnisports qui grouille de monde éprouve de la « honte » pour son « pays », il dit comprendre la décision de la CAF.
Un retrait à connotation politique…
Le Cameroun, cinq fois champion d’Afrique « n’était pas prêt à organiser la compétition », soutient Christian, entouré de deux amis.
Déplorant le « retard » accusé dans la réalisation des infrastructures », dont la livraison était « prévue au plus tard en décembre 2018″, ce dernier évoque une inorganisation. »
Cette situation, n’a pas laissé la classe politique et des sportifs indifférents. L’ancien candidat à la présidentielle du 7 octobre, Cabral Libii a accusé « le gouvernement d’être responsable de cet échec et invité le président Paul Biya a explique au peuple ce qui a conduit à cette humiliation nationale. »
Pour Libii, « les institutions chargées de la préparation de la compétition ont brillé par une incompétence inégalable. »
« Les responsables de cette catastrophe nationale doivent payer le prix, conformément à la loi », a indiqué le député du Social democratic front (SDF, principal parti de l’opposition), Jean-Michel Michel, précisant qu’ »une commission d’enquête s’impose, face à cette humiliation historique. »
« Je me sens abattu, je suis en colère et à la fois…honteux », a dit pour sa part l’ex-international Patrick Mboma, non sans omettre « les incidences sur les plans sportif, financier ou politique… ».
Les autorités camerounaises crient à l’injustice…
Réagissant samedi, le gouvernement camerounais qui a pris connaissance de la nouvelle avec « consternation » a dénoncé une « injustice flagrante. »
« Cette décision, ne rend justice ni aux investissements colossaux consentis par notre pays (…) ni à l’engagement du peuple camerounais », selon Issa Tchiroma, le porte-parole du gouvernement.
La 32e édition de la CAN prévue du 15 juin au 13 juillet 2019 est la première regroupant 24 équipes et décalée en été.
Après le retrait de la compétition au Cameroun, la CAF a lancé un appel urgent à de nouvelles candidatures de pays, afin d’assurer le déroulement normal de la coupe aux lieux et places calendaires prévus en été 2019.
Les modalités seront mises en place avant le 31 décembre 2018 et feront l’objet d’une communication ultérieure », a indiqué la CAF.
Deux pays, notamment le Maroc et l’Afrique du Sud, sont cités par des medias comme de potentiels candidats.
S’agissant des infrastructures en construction, le Cameroun va poursuivre avec la même détermination leur construction, tout en les achevant « à bonne date », a assuré M. Tchiroma.