Reporter sans frontière (RSF) a dénoncé jeudi la condamnation à six mois d’emprisonnement du directeur de publication du journal malien « Le Pays », Boubacar Yalcouyé, accusé de diffamation contre la Cour constitutionnelle, lors de la présidentielle de juillet et août 2018.
Pour RSF, un journaliste ne devrait pas faire la prison dans l’exercice de ses fonctions
Aux échéances électorales d’août 2018, Boubacar Yalcouyé a écrit un article accusant la Cour constitutionnelle malienne d’avoir reçu un pot-de-vin de 900 millions de FCFA de la part du camp du président sortant afin de valider la victoire d’IBK.
La Cour constitutionnelle a conduit cette affaire en justice et celle-ci après avoir statué, a condamné mercredi le journaliste à « six mois de prison, dont deux mois avec sursis ».
« Sans juger du fond de l’article, il n’est pas normal qu’un journaliste se retrouve en prison pour des faits de presse », a estimé le directeur Afrique de RSF, Arnaud Froger, pour qui cette « sanction est disproportionnée, dans la mesure où des recours devant l’organe de régulation, étaient possibles pour établir le caractère diffamatoire ou non de l’article incriminé ».
« RSF dénonce l’extrême sévérité de cette décision et demande aux autorités d’honorer au plus vite leur promesse de dépénaliser les délits de presse afin qu’il ne soit plus possible d’envoyer des journalistes en prison pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction », a insisté son responsable du bureau Afrique.
Les avocats du journaliste qui ont contesté le verdict rendu par le Tribunal de la commune V de Bamako, ont affirmé leur volonté de faire appel, afin que justice soit rendue.
La loi malienne sur la presse du 7 juillet 2000 est punitive. Elle prévoit de nombreuses peines de prison et d’importantes amendes. La diffamation peut faire l’objet d’une peine de 11 jours à un an de prison.
Dans une note jeudi, la Cour constitutionnelle a « salué la décision rendue par la justice et a réaffirmé sa détermination à protéger l’institution contre toutes dérives », estimant qu’elle « préservera l’intégrité de ses membres ».
Le Mali occupe la 115e place sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.