L’ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères, le général Djibril Bassolé a soutenu mercredi à Ouagadougou que le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso a fait installer de « graves méfiances » dans les rangs de l’armée, à la barre.
Selon Djibril Bassolé, le procès à un « effet dévastateur sur la cohésion de l’armée »
Jugé entre autres pour « attentat à la sûreté de l’Etat » et « trahison », Djibril Bassolé a évoqué de « graves méfiances » qui se sont installées dans les rangs de l’armée, du fait de la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP, ex-unité d’élite).
Pour le général Bassolé, « ce procès a un effet dévastateur sur la cohésion de l’armée. Regardez tous les accusés, il y a tous les grades qui sont représentés, du caporal au général. Ça veut dire que toutes les classes, toutes les promotions se trouvent concernées »
Les militaires ne sont « plus concentrés sur les problèmes du Nord », en proie à des attaques terroristes, a dit le général à la barre, avant d’ajouter que « si (l’armée) était plus sereine, elle allait pouvoir venir à bout de l’ennemi » dont « la nature n’est pas hors de (sa) portée ».
Le 16 septembre 2015, des éléments du RSP ont fait irruption en plein conseil des ministres (dont l’ordre du jour était la dissolution de l’unité) et pris en otage le président de la Transition Michel Kafando et son gouvernement.
« Si j’étais le chef de l’armée, je n’allais pas régler ce problème par un procès », a affirmé Djibril Bassolé, relevant qu’ »on pouvait très bien concevoir une réorganisation » du RSP qui « favoriserait la cohésion » au sein de l’armée selon lui.
« Je ne veux pas prôner l’impunité », mais « entre deux maux, il faut savoir choisir le moindre », a poursuivi le général Bassolé qui considère que « c’est l’Etat lui-même qui est allé se mettre dans les mains du RSP (…) dans une posture d’inconfort, de précarité », en permettant au Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida (issu du RSP) d’occuper de hautes fonctions après l’insurrection populaire de 2014.
Ce sont 84 personnes, dont neuf en fuite, qui sont poursuivies essentiellement pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », lors du putsch manqué de septembre 2015.
La résistance populaire contre la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.