La réforme de la CEI constitue à n’en point douter la question politique du moment. La rencontre entre pouvoir et opposition, le lundi 21 janvier dernier, a toutefois donné lieu à de profondes dissensions entre les acteurs politiques de Côte d’Ivoire.
Réforme de la CEI, les points d’achoppement entre les acteurs politiques
Tous les acteurs politiques ivoiriens sont unanimes sur la nécessité de réformer la Commission électorale indépendante (CEI). Les partis d’opposition n’ont cessé de demander la réforme de la CEI. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a par ailleurs appelé les autorités ivoiriennes à travailler sur la question. Dans son message à la Nation à la veille de l’indépendance, le Président Alassane Ouattara a également réitéré sa volonté de de réformer l’institution en charge du processus électoral en Côte d’Ivoire.
Cependant, entre les déclarations d’intention et la mise en œuvre du projet, il y a un fossé dont la traversée est parfois parsemée d’embuches. En témoigne la rencontre initiée, le lundi dernier, par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly à la Primature entre une quinzaine de partis d’opposition et des émissaires du gouvernement.
Force est de constater que certains partis crient d’ores et déjà à l’exclusion et à la mascarade. Il s’agit en premier de la tendance radicale du Front populaire ivoirien (FPI). Dr Assoa Adou, SG du parti, déclarait à cet effet : « Le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo n’est pas invité », avant d’ajouter que son parti « ne se sent donc pas concerné par cette mascarade qui va éluder les vrais problèmes de la Côte d’Ivoire ».
Quant à Liberté et démocratie pour la République (Lider), Monique Gbékia dénonçait une tentative de mise à l’écart de son parti. « Alors que la délégation de Lider se rendait à la réunion, elle a été stoppée à la guérite de la primature, sous prétexte que le parti ne figurait pas sur la liste », a indiqué la présidente du parti créé par Pr Mamadou Koulibaly.
Poursuivant, elle ajoute : « Le cabinet du ministre de l’Intérieur a marqué sa surprise par rapport à cette situation, confirmant que la délégation conduite par Mme Monique Gbékia était effectivement sur la liste des participants attendus. L’adjudant-chef à l’entrée de la guérite de la primature a confirmé qu’instruction lui avait été donnée le matin même de ne pas laisser entrer Lider. »
D’autres partis d’opposition crient également à l’exclusion dans ces discussions concernant la mise en place d’un organe consensuel et crédible pour l’organisation d’élections justes et transparentes en 2020.
Certains proches du gouvernement indiquent néanmoins, sous couvert d’anonymat, que « le FPI était représenté par son président légal, à savoir le député Pascal Affi N’Guessan. Il n’était pas question pour le Premier ministre d’entrer dans les batailles internes à ce parti. Quant à Lider, nul n’ignore que ce parti est divisé en deux et qu’une partie soutient le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix [RHDP, mouvance présidentielle, ndlr]. Idem pour l’UPCI et le Parti ivoirien des travailleurs [PIT de Francis Wodié, ndlr] ».
En attendant les discussions au fond, les partis politiques ont été invités à transmettre leurs propositions écrites au plus tard le 4 février prochain.