Le colonel-major Saïdou Yonaba, témoin au procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, s’est dit vendredi à Ouagadougou « victime » de l’ »activisme » de Maître Guy Hervé Kam des parties civiles, après que ce dernier lui a reproché de « vouloir cacher la vérité » lors de son audition à la barre.
Un témoin soutient que Me Kam veut l’obliger à dire ce qu’il veut lors du procès du putsch manqué
Après une longue lecture des déclarations du colonel-major Yonaba, médecin de la présidence au moment des faits, Maître Kam a relevé des discordances entre les propos mentionnés dans les documents et ceux tenus par le témoin à la barre, estimant qu’il tente de « cacher la vérité ». Il s’en est suivi un échange tendu entre les deux hommes.
« L’activisme et la justice sont différents, et je crois que je suis victime d’activisme », a dit Saïdou Yonaba à l’endroit de l’avocat (figure de proue du mouvement « Balai citoyen », très actif lors de l’insurrection de 2014), ajoutant que Me Kam essaie de l’ »obliger à dire ce qu’il veut (qu’il lui) dise ».
Maître Kam a par la suite exigé du médecin qu’il retire ses propos jugés « inacceptables », tout en rappelant qu’il a pris la parole « en tant qu’avocat ».
Le colonel-major Yonaba, arrivé au palais présidentiel aux premières heures lors des faits, a affirmé qu’il n’avait « jamais eu l’impression qu’il s’agissait d’un coup d’état (mas plutôt) une suite logique » des crises au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), dont des membres ont interrompu le conseil des ministres du 16 septembre 2015 et pris en otage le président de la Transiton Michel Kafando et son gouvernement.
Selon lui, le général Gilbert Diendéré (principal accusé) s’est « interposé » entre les médiateurs de la crise et des « soldats qui ont voulu les menacer », décrivant une scène tendue dans laquelle le général est apparu comme un « médiateur », avant d’ajouter que ce dernier a également « convaincu » des RSP de libérer M. Kafando, dont l’état de santé « se dégradait ».
Ce sont 84 personnes, dont huit en fuite, qui sont poursuivies essentiellement pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch manqué.