Guillaume Soro a finalement rendu sa démission lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale, ce vendredi 8 février 2019. Cependant, le discours du désormais ancien Président de l’Assemblée nationale en dit long sur ses ambitions à court, moyen et long terme.
Guillaume Soro affiche ses convictions
Guillaume Soro refuse d’adhérer au RHDP unifié, et il l’assume pleinement. Face aux menaces de certains proches du camp présidentiel de le voir débarrasser le plancher s’il n’adhère pas à cette nouvelle formation politique portée à bout de bras par le Président Alassane Ouattara, le Député de Ferkessédougou a indiqué vouloir « éviter une crise institutionnelle sans précédent avec le cortège de dommages » que cela pourrait engendrer.
Aussi, il était dans un véritable dilemme : « Trahir mes convictions en allant au congrès ou rendre ma démission. » Mais quand » il est l’heure, il n’ait point besoin de longs discours », car « dans la vie d’un homme, il y a des moments décisifs où il ne tient qu’à soi-même de prendre ses responsabilités.
Et ces responsabilités, Soro Guillaume les a pris en « choisissant de ne pas adhérer au RHDP unifié », précisant qu’il est « homme à croire plus au jugement de l’histoire qu’au jugement de hommes ». Il indique par ailleurs qu’il voulait être en « harmonie avec ses valeurs et ses convictions ».
Poursuivant, le Député de Ferkessédougou déclare qu’il n’est pas « homme à s’accrocher au pouvoir comme un saprophyte ». Ainsi, il cite Félix Houphouët-Boigny, alléguant qu’ « aucun sacrifice n’est trop grand, quand il s’agit de faire la paix pour son pays ».
Il précise toutefois qu’il « demeure serein tout en quittant la présidence de l’Assemblée nationale pour l’aventure de ses convictions ». Ajoutant en outre qu’il « préfère descendre de son piédestal, tout en partageant le quotidien de ses concitoyens, que de se complaire dans l’aisance de sa posture institutionnelle ».
Passant en revue tous ses proches, surtout le Député Alain Lobognon en prison, Soro veut qu’ils retiennent « le souvenir d’un homme de conviction face à des lendemains même incertains ».
Puis, il lâche : « A cet instant précis, je rends ma démission de mon poste de Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. J’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix en Côte d’Ivoire. » Avant de déclarer : « Je demeurerai avec vous pour l’édification d’une Côte d’Ivoire riche et prospère. » « Je demeurerai avec vous pour continuer le combat du pardon, de la paix et de la réconciliation nationale. Ce combat vaut plus que le poste de président de l’Assemblée nationale. »
Le divorce est donc consommé entre Guillaume Soro et le camp d’Alassane Ouattara. En se rendant ainsi présidentiable de par son discours, l’ancien Premier ministre fourbit assurément ses armes pour la présidentielle de 2020. En pareille occurrence, il pourrait rallier à sa cause, plusieurs ressortissants du nord qui affichent ces derniers temps leur réticence vis-à-vis du pouvoir.