Indécis à proposer un candidat pour la présidentielle de 2020, le PDCI RDA vient d’avancer son potentiel candidat. Jean-Louis Billon, dans une interview accordée au confrère Assalé Tiémoko, il se positionne en pointe de la communication de son parti, le PDCI RDA. Bien qu’il ne trahisse pas le secret de la stratégie du vieux parti, sa posture épouse celle d’un présidentiable.
Jean-Louis Billon, parcours politique et bilan subtilement présentés.
Ton pausé, aisance du discours, approche didactique et structurée, c’est en homme de devoir que Jean-Louis Billon a entamé sa session live mensuelle qui a duré 45 mn. Celui qui clairement apparait comme le potentiel candidat du PDCI a séduit par la qualité de ses réponses, même si l’entame a été difficile. Des difficultés rencontrées par le groupe d’entreprise qu’il dirige du fait de la rébellion, aux difficultés rencontrées à la tête du ministère du Commerce, le potentiel candidat du PDCI RDA a évoqué son bilan. « Mon groupe avait été fortement impacté par la crise. On a connu des décès au plus haut niveau de notre groupe. Il fallait restructurer le groupe avant de penser à la gestion de la chose publique ».
Jean-Louis Billon poursuit et évoque avec fierté les réformes qu’il a mises en place alors qu’il était ministre du Commerce dans le gouvernement d’Alassane Ouattara. « Il était important pour moi après le passage à la chambre de commerce et d’industrie, de servir et de mettre en application des choses que j’avais réclamées ; le tribunal de commerce, la loi sur la concurrence, la loi sur les PME à l’instar des États-Unis, reformer les textes fondateurs du commerce qui dataient de 1962 et qui n’avait jamais été revus. J’ai eu la chance d’avoir aussi rattaché au ministère du commerce, l’artisanat et les PME. Et là, il faut savoir que c’est la plus grosse partie de l’économie ivoirienne en termes d’emplois. Et amener l’artisanat à mieux se structurer avec le code de l’artisanat, amener les PME également à avoir des dispositions légales pour mieux fonctionner dans l’économie nationale était pour moi important. Ce que j’ai fait avant de pouvoir me retirer ». Cette démarche tranche avec celle d’un Soro Guillaume belliqueux et très politique. Le PDCI pourrait avoir trouvé un souffle de jeunesse.
Jean-Louis Billon décisif , rassure sur la politique intérieure et CFA
« Nous avons une bonne croissance. La croissance est une chose et la distribution des richesses est une autre chose ». Un pique à l’endroit des adversaires du PDCI que Jean-Louis Billon étaie par des arguments clairs pour fustiger l’oligarchie qui s’est accaparé des pans entiers de l’économie. « C’est le déficit de gouvernance qui fait que la redistribution des richesses n’est pas inclusive. C’est un groupuscule qui s’accapare de tout ». Quant à la question du franc CFA, Jean-Louis Billon a émis le souhait de son évolution, notamment le changement de nom, avant d’évoquer la prudence des chefs d’État face à la question. Pour clore le chapitre de la monnaie, Jean-Louis Billon a rappelé que le processus de mise en place d’une monnaie propre à l’Afrique de l’Ouest est en gestation, « donc le débat sur le CFA est fini ».
Au titre de la décentralisation, Jean-Louis Billon a reconnu qu’elle n’est pas effective dans la pratique. « Les instruments de fiscalité qui permettent à une collectivité d’avoir sa propre fiscalité ne suivent pas. Mais il faut le faire progressivement ».
Durant l’entretien, Jean-Louis Billon n’a pas trahi le secret de sa candidature ni celle du président Henri Konan Bédié. Mais la certitude de faire partie de l’équipe du PDCI à l’élection présidentielle de 2020 est acquise. Du président Bédié, il restera évasif en abondant dans le même sens que le président Ouattara : « La constitution ne lui interdit pas de se présenter ».
Jean-Louis Billon a plaidé pour des élections apaisées en 2020 et déploré l’escalade verbale, les violences inhérentes aux élections municipales d’octobre 2018, et les intimidations dans un environnement politique fragile. Il a clos l’entretien en adressant des réponses aux propos des leaders du RHDP en des termes empreints de mesure : « On ne gère pas un peuple, on le sert. On ne verrouille pas un peuple, on lui garantit des libertés ».
Nelson ZIMIN