Dans la « guerre froide » entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, Ahoussou Jeannot, contrairement à d’autres cadres du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), refuse de choisir son camp. Le président du Sénat appelle plutôt à une réconciliation entre les deux alliés d’hier.
Ahoussou Jeannot prône la paix
Elu président du premier Sénat ivoirien, le jeudi 5 avril 2018, Jeannot Ahoussou, s’adressant aux chefs traditionnels de Daoukro, ville natale d’Henri Konan Bédié, située dans le centre de la Côte d’Ivoire, à l’occasion d’un festival, a prôné la paix entre les Ivoiriens.
« Notre pays est à la croisée des chemins. C’est ici, sur cette même place, que nous avons scellé la graine de la paix. Si ceux qui devaient l’arroser n’ont pas joué leur rôle, nous, fils de la région, devons l’arroser et aller partout pour dire que sans la paix, nous ne pouvons avancer. Oublions notre personne, notre ego, pour sauver notre pays. Le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny a beaucoup fait dans ce sens », a dit l’ex-Premier ministre.
Ahoussou Jeannot n’a pas manqué de rappeler le souvenir de l’appel de Daoukro lancé en septembre 2014 par Henri Konan Bédié, à Daoukro. « Il nous faut se remémorer septembre 2014 et l’appel de Daoukro, lancé ici même. Oublions toutes les difficultés qui ont jalonné le parcours jusqu’à ce jour. Ensemble, quelles que soient les épreuves que nous subissons régulièrement, retrouvons-nous, pour régler nos problèmes », a indiqué l’ancien ministre de la Justice.
Rapprocher Bédié et Ouattara à tout prix
Au cours de son intervention, Ahoussou Jeannot a également évoqué la crise qui mine les relations entre Bédié et Ouattara. La tension entre le président du PDCI et son « frère cadet » a conduit à la sortie du plus vieux parti politique ivoirien de la coalition RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Le président du Sénat, selon qui « le président Bédié a beaucoup fait et continue de le faire », a noté qu’Alassane Ouattara « à son tour est en train de le faire ».
Ahoussou Jeannot a demandé aux chefs traditionnels de s’engager à « unir de nouveau » le « Sphinx de Daoukro » et le chef d’Etat ivoirien. « C’est pour le pays, pour que le pays soit en paix et rassemblé », a-t-il justifié.
Ahoussou Jeannot ne fait pas de choix
Après la démission de Guillaume Soro, qui avait refusé de rejoindre le RHDP, beaucoup de langues se sont déliées pour prédire le même sort au premier président du Sénat ivoirien. Mais, contre toute attente, l’ex garde des Sceaux, ministre de la Justice n’a pas « libéré le tabouret ».
Ce cadre du parti fondé par feu Félix Houphouët-Boigny préfère militer pour une accalmie entre le « Bouddha » et le président d’honneur du RHDP. Même si Ahoussou Jeannot a catégoriquement refusé de prendre part au congrès du RHDP du 26 janvier 2019, il s’est gardé de tenir des propos hostiles contre cette formation politique.
« Moi, je n’appartiens à aucun groupe parlementaire. J’ai préféré appartenir au Sénat et travailler pour le Sénat. Le groupe parlementaire PDCI a été constitué depuis septembre. Je leur ai dit que je suis PDCI, mais je n’y adhère pas. Moi, j’appartiens à l’institution. A un moment, il faut qu’on regarde la République, et le futur de la Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré le lundi 8 avril 2019, à la cérémonie de présentation des 33 nouveaux sénateurs nommés par le président Alassane Ouattara.