Les évènements qui se succèdent à l’ Assemblée nationale ivoirienne sont véritablement inédits dans l’histoire des Institutions de la Côte d’Ivoire. De la démission du président de l’Institution à l’élection d’un nouveau président et la mise en place de son bureau, toute une scène digne d’un autre Parlement bien connu à Abidjan.
L’ Assemblée nationale ivoirienne au bord du ridicule
Tous les dimanches à 19H 00 UTC, sur Canal Horizon, l’on assiste à l’émission Parlement du rire. Le Président Mamane et ses Vice-présidents Charlotte Ntamak, Digbeu Cravate, Michel Gohou, ainsi que les autres humoristes, viennent égayer les spectateurs et autres téléspectateurs à travers leurs différents numéros. Les travers du Président Fondateur de la très très démocratique République du Gondwana sont passés en revue, à tour de rôle, par les artistes conviés à la séance parlementaire. Et c’est le palais de la culture d’Abidjan que le chroniqueur de RFI a choisi pour jouer ses différentes scènes.
Mais de la fiction à la réalité, il n’y a souvent qu’un pas que les autorités ivoiriennes ont vite fait de franchir. Car en dépit du principe de la séparation des pouvoirs, le président Alassane Ouattara a contraint Guillaume Soro, le Président de l’Assemblée nationale d’alors, de « libérer le tabouret » pour avoir refusé d’adhérer au RHDP unifié.
Les Ivoiriens et autres observateurs de l’actualité politique en Côte d’Ivoire n’étaient pas encore au bout de leur surprise, qu’Amadou Soumahoro, ancien Secrétaire général par intérim du RDR, et cadre du RHDP unifié, a été porté au perchoir. En l’absence, bien entendu, des Députés de l’opposition. Sur les 252 Députés que compte le Parlement, 178 étaient effectivement présents, et 158 ont pris part au vote, dont 153 se sont prononcés en faveur du Député de Séguéla. L’intéressé ne cesse donc de marteler à qui veut l’entendre : “Nous sommes en démocratie et la démocratie, c’est le grand nombre. J’ai été très bien élu parce que la majorité des députés ont participé à mon élection.’’
Voilà qui est clair, n’en déplaise à ceux qui ont une opinion contraire. Le Tchomba est bel et bien le successeur de Tiéni Gbanani à la tête du Parlement ivoirien, et il s’est évertué à mettre en place son bureau. Ce lundi 6 mai 2019 s’est tenue l’élection du nouveau bureau de l’Assemblée nationale. Mais là encore, le Président de l’Assemblée nationale a buté sur l’intransigeance des groupes parlementaires de l’opposition, PDCI-RDA, Vox Populi et Députés pro-Soro. Ces derniers ont purement et simplement boycotté la séance parlementaire convoquée pour les besoins de la cause.
Eu égard à tout ce qui a cours dans l’Hémicycle ivoirien ces derniers temps, les similitudes avec le « Parlement du rire » de Mamane sont frappantes. Cependant, la Côte d’Ivoire qui aspire à être une véritable démocratie gagnerait à se conformer aux normes démocratiques, en évitant que la démocratie soit la dictature de la majorité, comme dans la République fictive du Président fondateur Mamane.