L’affaire du génocide des Wê fait grand bruit, ces derniers temps, à Abidjan. Mais pas que, car le dossier qui a été déposé devant la Cour pénale internationale constitue une pomme de discorde entre ceux qui ont ouvert l’action.
Génocide des Wê, Martine Kéï Vao accuse…
Lors de la crise postélectorale, de nombreux Wê ont été massacrés dans le camp de déplacés de Nahibly et de Duekoué, et ces faits tragiques ont été largement mentionnés dans les rapports d’ONG. Près d’une décennie après, toutes ces victimes réclament encore justice. Aussi, Martine Kéï Vao, présidente de l’ONG « Solidarité wê » dit avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) afin de faire droit aux siens.
Dans cette démarche judiciaire, cette dame dit avoir pris attache des spécialistes du droit, notamment les avocats Me Rodrigue Dadjé, Me Habiba Touré, ainsi que Demba Traoré et Nady Bamba. Mme Kéi Vao reproche cependant à ces personnes susmentionnées de vouloir la spolier du dossier.
Ainsi qu’elle l’a confié à Koaci.com, un site d’informations local : « Le 23 septembre 2016, Me Dadjé et Me Habiba, accompagnés de Monsieur Akpané m’avaient invitée dans un restaurant de la place pour me faire part de certaines rencontres qu’ils auraient faites aux USA, et au cours desquelles, des partenaires les auraient approchés pour financer notre dossier compte tenu de notre incapacité à faire face à leurs honoraires.
Ils m’ont indiqué que ces personnes/partenaires posaient comme condition pour leur aide, le changement de notre dénomination ou la création d’une nouvelle structure neutre où ne figurerait pas le nom Wê qui aurait pour eux une dimension trop ethnique.
Devant cet état de fait, et ne pouvant continuer à collaborer avec un conseil qui nous est désormais hostile, nous avons donc décidé, lors d’une Assemblée générale Extraordinaire en date du 16 avril 2017 de les dessaisir de notre dossier.
Lors d’un rendez-vous à son cabinet avec Monsieur Akpané, Madame Touré m’a présenté son ami Demba Traoré qu’elle a introduit dans notre dossier sans même nous prévenir. Il faut préciser que ce Monsieur Demba qui n’est ni avocat, ni victime, ni partie a eu accès à notre dossier sans se voir opposer la confidentialité qui nous est opposée, nous qui sommes mandants ! Demba Traoré se vante sur les réseaux sociaux d’avoir en sa possession l’intégralité du dossier Wê à la Cpi. Alors que les Mandants (Ardef-E et Association peuple Wê) sont tenus éloignés de ce dossier par Mme Toure Habiba au fallacieux prétexte de confidentialité. »
Mécontente de la tournure que prend ce dossier, Mme Martine Kéi Vaho dit avoir saisi l’ancien Président Laurent Gbagbo afin de dénouer cette affaire. Mais toutes ses tentatives sont pour l’instant restées lettre morte. Elle ne compte cependant pas lâcher l’affaire.
« Comme les victimes se reconnaissent en nous, il faut nous dissoudre nos associations, mais je tiens à leur dire qu’ils auront toujours Kéi Vao sur le dos », a-t-elle déclaré.
La réaction des mis en cause est donc attendue afin d’en savoir davantage sur cette affaire.