L’affrontement sanglant entre autochtones Baoulé et allogènes Malinké à Béoumi, la semaine dernière, continue de susciter de nombreuses craintes. Si un calme précaire règne pour l’instant dans cette ville du centre ivoirien, l’on redoute cependant une résurgence des violences pouvant s’étendre à d’autres localités de la région.
Béoumi, trois ministres pour calmer les belligérants
Parti d’une simple altercation entre un chauffeur de taxi-brousse malinké et un conducteur de moto-taxi baoulé, le mercredi dernier, ce fut à une véritable bataille rangée que l’on a assisté entre ces deux communautés. Le dernier bilan de ces affrontements fait état de 10 morts, 84 blessés, dont certains par balles, et de nombreux biens (habitations, magasins, véhicules de transport) partis en fumée.
En dépit de l’intervention des autorités administratives de Béoumi et la médiation du ministre Sidi Touré, originaire de la localité, les violences n’ont pour autant pas cessé. À en croire une source sur place, le corps sans vie d’une personne portée disparue a été retrouvé ce dimanche. « Le décès n’est pas d’aujourd’hui », précise la source.
Ce samedi, trois ministres ivoiriens, notamment Sidi Touré de la Communication et des Médias, Amadou Koné des Transports et Jean-Claude Kouassi des Mines et de la Géologie, ont eu des rencontres séparées avec les chefs des communautés belligérantes afin d’apaiser les tensions.
Il ressort cependant de ces rencontres que les deux communautés se regardent en chiens de faïence depuis belle lurette. « Les élections municipales et régionales de l’an passé ont gravement détérioré la paix sociale », précise, pour sa part, une autorité coutumière. Il y a également des questions économiques et foncières qui opposent Baoulé et Malinké depuis plusieurs années.
Si toutes ces questions n’ont pu être résolues en profondeur, il est donc à craindre que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Des règlements de compte et autres vendettas n’étant pas à écarter non plus.
Notons par ailleurs que lors de ces affrontements, des civils disposaient d’armes de guerre, dont ils n’ont pas hésité à faire usage sur le commissaire de Béoumi, ainsi que sur des policiers et gendarmes venus en renfort de Bouaké et de Sakassou. D’où l’épineuse question du désarmément des anciens combattants de la crise postélectorale.