Danièle Boni Claverie n’est pas restée insensible à la sortie d’ Henri Konan Bédié à propos de la « thématique des étrangers ». La présidente de l’ URD (Union républicaine pour la démocratie, parti de l’opposition), contrairement au gouvernement ivoirien, pense que le sujet n’est pas du tout délicat.
Danièle Boni Claverie soutient Bédié
Dans une déclaration lors d’une rencontre avec les militants de son parti politique, Henri Konan Bédié a tenu des propos jugés « d’une extrême gravité, appelant à la haine des étrangers » par le gouvernement ivoirien. En effet, le président du Parti démocratique de Côte d’ Ivoire (PDCI) déclarait : « Ils ont fait venir clandestinement des étrangers… Des gens rentrent, on leur fait faire des papiers ; et ressortent. Certains repartent tandis que d’autres restent. Si l’objectif est de fausser les élections de 2020, nous voulons le savoir. »
Pour Danièle Boni Claverie, Bédié « a courageusement évoqué la thématique des étrangers en CI. Pourquoi serait- ce un sujet délicat? Il faut au contraire initier le débat ». Découvrez l’intégralité de sa déclation :
HKB a courageusement évoqué la thématique des étrangers en CI. Pourquoi serait- ce un sujet délicat ? Il faut au contraire initier le débat. Ce sont les non-dit qui entretiennent la haine. Quand on voit l’Europe se mobiliser contre les flux migratoires alors que les niveaux n’atteignent pas 10%. Pourquoi serait-il anormal que l’on débatte de ce problème quand nous comptons 28% d’étrangers. Or, nous savons bien que les vrais chiffres vont bien au-delà. Faire le point de la situation des étrangers qui vivent en Côte d’Ivoire n’est pas superflu et ne traduit aucune animosité particulière. Les Ivoiriens ont démontré leur capacité d’accueil et d’empathie envers leurs frères des pays limitrophes qlors que le contraire n’est pas toujours vrai.
J’ai dénoncé depuis de longues années le fait que l’on n’ait jamais organisé l’accueil de nos frères étrangers. Ils vont, viennent, s’installent où ils veulent et leur dynamisme pour les plus vaillants les amène à s’emparer de secteurs entiers d’activités qui se ferment ensuite aux Ivoiriens. Arrêtons de pratiquer l’omerta.
La récurrence et la multiplication des conflits intercommunautaires nous interpellent d’autant qu’en période pré-électorale et avec de forts antécédents qui remontent au parti unique, on sait comment ils peuvent être utilisés et venir grossir en toute illégalité la liste électorale. Les réactions à la nationalité de Miss Côte d’Ivoire sont condamnables mais elles doivent être analysées. Elles sont en contradiction avec le vécu de nos compatriotes. Que se passe-t-il ? Quel ras – le- bol cela traduit-il? Plutôt qu’un communiqué comminatoire, le gouvernement devrait avoir le courage d’ouvrir ce débat et nous donner toutes les garanties de sa volonté de maîtriser d’éventuels dérapages.