Jugés par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé doivent dire adieu à l’élection présidentielle d’octobre 2020 qui avance à grands pas.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé définitivement forclos de la présidentielle de 2020
Depuis son acquittement en janvier 2019 par la Chambre de première instance I de la CPI, Laurent Gbagbo ne s’est pas encore officiellement exprimé et se fait de moins en moins visible bien qu’il reçoive régulièrement des visiteurs dans sa résidence de Bruxelles où il réside en liberté conditionnelle. A contrario, Charles Blé Goudé qui vit toujours cloitré à La Haye, lui, est très actif.
L’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, élu à la mi-août 2019 Président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), veut prendre une part active dans la reconstruction de la Côte d’Ivoire nouvelle. Même s’il n’évoque pas pour le moment sa candidature, Charles Blé Goudé compte peser dans la présidentielle de 2020.
« En ce qui me concerne, celui qui voudra le soutien de Charles Blé Goudé pour la présidentielle de 2020, devra convaincre Blé Goudé et ses militants sur la base d’un programme cohérent, d’un projet de société », dit-il. Refusant de s’engager ouvertement dans la course pour le fauteuil présidentiel à l’image de son ex-camarade de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Guillaume Soro, Charles Blé Goudé préfère avancer « masqué » tout-en mettant en avant son mentor Laurent Gbagbo.
«(…) Je ne suis pas pressé. Quand ton père est en vie et que tu parles de son héritage, c’est que tu souhaites sa mort. C’est pourquoi, je n’accepte pas, au moment où Laurent Gbagbo est encore en vie, il est encore actif, on parle de son héritage à gauche, de ses héritiers à droite. Je ne ferai pas partie de ceux qui parlent de l’héritage de Laurent Gbagbo pendant qu’il est encore en vie… », déclare l’ancien ‘’général de la rue’’.
« Pour le FPI, la priorité, c’est la libération de Laurent Gbagbo et non l’élection de 2020 »
Autrement dit, tant que Laurent Gbagbo est encore politiquement actif, lui, Charles Blé Goudé, se contentera de s’allier derrière la position du fondateur du FPI. Toutefois, avec l’acte d’appel déposé lundi 16 septembre 2019 par le Bureau du Procureur dans l’affaire Gbagbo-Blé Goudé, il est évident que tout chamboule désormais dans la stratégie politique des deux accusés qui rêvaient de revenir au pays avant 2020.
Selon le programme de la CPI en effet, le Procureur a jusqu’au 16 octobre prochain, soit 30 jours encore pour le dépôt de son mémoire d’appel détaillant les motifs juridiques de son appel (en tout 90 jours depuis la notification de la décision d’acquittement). Après avoir reçu le mémoire d’appel du Procureur et entendu les points de vue des parties sur les motifs d’appel, les juges de la Chambre d’appel examineront ensuite si la décision en première instance doit être confirmée ou non.
« La Chambre d’appel définira les dates pour les déposions de ces soumissions, et peut parfois ordonner la tenue d’audiences en appel, si nécessaire. La Chambre rendra son arrêt de façon publique en temps voulu », confie la CPI. Selon l’écrivain-juriste et politiste, Geoffroy-Julien Kouao, ce rebondissement dans le procès Gbagbo-Blé Goudé n’est pas fait pour arranger les deux ex co-détenus de La Haye.
« En procédure pénale, l’appel a effet dévolutif et suspensif. On revient donc au statut quo. Ce qui veut dire que le statut pénal de Laurent Gbagbo et Blé Goude hypothèque sérieusement leur participation à l’élection de 2020 », analyse-t-il. Puis de s’inquiéter: « En sus, cette situation peut fragiliser la plateforme avec le PDCI parce que stratégiquement, pour le FPI, la priorité, c’est la libération de Laurent Gbagbo et non l’élection de 2020 ».