Invité de RFI, ce jeudi 26 septembre 2019, Mathias Hounkpé s’est prononcé sur la situation sociopolitique ivoirienne de ces derniers temps. Le politologue béninois a surtout levé un coin de voile sur les éventuelles candidatures à la présidentielle 2020.
Mathias Hounkpé, décortique les plans de Bédié pour 2020
A un an de l’élection présidentielle de 2020, tous les observateurs de la vie politique ivoirienne s’accordent pour dire que le retrait d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo de la course à la présidentielle contribuera à faire baisser la tension politique en Côte d’Ivoire. Le chercheur Mathias Hounkpé ne dit pas le contraire de ce constat, lorsqu’il affirmait sur RFI, ce jeudi : « Je pense que ces trois personnalités rendraient service à la Côte d’Ivoire, si elles décidaient simplement de ne pas se présenter pour les élections prochaines, afin de permettre à la Côte d’Ivoire de voir d’autres visages. »
Cependant, la récente interview accordée à Jeune Afrique a quelque peu mis à nu les ambitions d’Henri Konan Bédié de reconquérir le pouvoir d’Etat perdu en décembre 1999 à la suite d’un coup d’Etat militaire. Le président du PDCI avait en effet affirmé que tant que sa santé le lui permettait et tant que son parti, le PDCI-RDA, a besoin de lui, il répondra présent pour « le servir ». Précisant par ailleurs que redevenir président serait pour lui une « revanche », mais pas une vengeance.
Le membre de la fondation Open Society indique pourtant que « si jamais Henri Konan Bédié se présentait, pour que ce soit crédible, ce serait dans le cadre d’une coalition. » Mathias Hounkpé révèle en outre que l’état d’âme actuel du Sphinx de Daoukro reste étroitement lié à au coup de force qui a emporté son régime à l’orée de 2000. Ce qui lui donne une certaine impression d’inachevé dans sa gouvernance de la Côte d’Ivoire à la succession de Félix Houphouët-Boigny.
« Je crois qu’il a fait la différence entre être sa revanche et rechercher une occasion de se venger. Je crois que la différence est importante. Donc il pense qu’il n’a pas achevé sa présidence. La première fois où il a été président de la République, cela a été écourté, comme vous le savez, par des mouvements militaires et donc il pense maintenant que ce serait comme une revanche sur son propre destin. »
Avant d’ajouter : « Oui, on voit très bien que, gagner les élections aurait une signification particulière pour lui. Mais vous êtes justement patriote, parce que vous êtes capable de renoncer à ce qui vous revient pour promouvoir ce qui appartient à tout le monde. »
Notons que la Constitution de 2016 a sauté le verrou de de la limitation de l’âge pour les candidat à l’élection présidentielle. Aussi, à 85 ans révolus, Henri Konan Bédié pourrait faire office de candidature. Mais entre le vouloir et le faire, il y a un fossé qui peut être franchi ou non, suivant les circonstances.