Un énième procès guette Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire. N’empêche que l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo porte de virulentes critiques sur le bilan économique d’Alassane Ouattara. Pour lui, l’endettement auquel recourt le gouvernement ivoirien ces dernières années est une façon d’hypothéquer l’avenir des Ivoiriens.
Blé Goudé met à nu les dangers de l’endettement sous Ouattara
Invité spécial d’une chaine de télévision burkinabè la semaine dernière, Charles Blé Goudé a abordé des sujets brulants de l’actualité ivoirienne. Le Président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP, opposition), qui aspire à diriger la Côte d’Ivoire un jour, s’est surtout attaqué au bilan économique du Président Alassane Ouattara, qui apparaît, selon lui, comme une belle manière d’hypothéquer l’avenir des Ivoiriens sur plusieurs générations.
Lorsque les confrères burkinabè évoquent les bonnes performances de l’économie ivoirienne sous l’ancien Directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), avec les ponts, routes et autres infrastructures économiques qui ont vu le jour sous sa gouvernance, Blé Goudé Charles les interpelle aussitôt : « Il faut éviter de confondre les grands travaux et puis la réalité quotidienne des Ivoiriens. La macro-économie et la micro-économie, faisons beaucoup attention. Je sais qu’en Côte d’Ivoire, on m’a dit que beaucoup de ponts ont été construits. Mais, je reçois aussi des photos et des images de routes impraticables. »
Avant de les conseiller : « Entre les indicateurs au vert dont vous parlez et la réalité quotidienne des Ivoiriens, il y a hiatus. Allez en Côte d’Ivoire. Ne restez pas à Cocody, descendez à Abobo, descendez à Yopougon et dans les quartiers populaires. S’il vous plaît, interrogez le peuple de Côte d’Ivoire. Et vous revenez me voir un mois après et je vous écouterai. »
Poursuivant, le filleul de Laurent Gbagbo ajoute : « Laissez-moi vous dire, une croissance qui est basée sur l’endettement est un contrat de dupes qui dresse le lit d’une dépendance à vie. C’est-à-dire le pays qui est en train d’être endetté en ce moment, ceux qui le font, ils nous rendent esclaves. Et nous allons passer notre vie à rembourser les dettes que eux ils ont contractées avant de partir. Et nous, nos petits enfants, et les petits enfants de nos petits enfants… C’est dangereux. Juste parce qu’on veut que des revues économiques indiquent qu’en Côte d’Ivoire, tout est au vert pendant que le peuple broie du noir ? C’est ça qui est vrai. »
À en croire le jeune leader ivoirien, la paupérisation et l’inflation galopantes qu’il dépeint ne touchent pas que les opposants, mais également des proches du parti au pouvoir, et partant, toute la population ivoirienne. « Même les militants du parti au pouvoir aujourd’hui, ils disent qu’ils broient du noir. Au point où le parti au pouvoir a même tenté de créer une banque spécialement pour ses militants. C’est du jamais vu ça dans aucune nation au monde. Je n’ai pas dit que le parti au pouvoir n’a rien fait. Mais arrêtons de vendre ce qui n’est pas vrai. Ne fuyons pas les réalités. Abordons-les et apportons des solutions concrètes aux besoins réels des populations », a-t-il déclaré.
Est-ce pour cette sortie virulente de Blé Goudé contre le régime Ouattara que le procès pour « crimes contre prisonniers de guerre » a été ouvert contre lui à Abidjan cette semaine? Difficile d’y répondre pour le moment.