Nathalie Yamb n’apprécie pas la sortie de Souleymane Diarrassouba, ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie, relativement à l’affaire « Faso Attiéké ». Le gouvernement de Côte d’Ivoire élève une vive protestation contre la distinction d’une entrepreneure burkinabè qui a développé le label Faso Attiéké. La conseillère exécutive de Mamadou Koulibaly s’insurge contre cette réaction des autorités ivoiriennes.
Nathalie Yamb s’en prend à Souleymane Diarrassouba
Dans une publication sur les réseaux sociaux, Nathalie Yamb démonte les arguments de Souleymane Diarrassouba concernant l’affaire « Faso Attiéké ». Voici en intégralité la déclaration de cette cadre de LIDER (Liberté et démocratie pour la République) :
Ce week-end, le web ivoirien s’est agité parce qu’une entrepreneure du Burkina Faso a gagné un prix pour son produit dénommé «Faso attiéké» lors du Salon de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan.
C’est allé dans tous les sens, et le plus désolant, c’est l’opération de désinformation à laquelle s’est adonné le ministre du commerce en voulant surfer sur le buzz pour grappiller des points.
J’aurais souhaité une communication sereine et véridique, qui contribue à éclaircir et informer, afin que les gens puissent discuter de façon fondée sur le sujet.
1. C’est l’appellation «attieké des Lagunes» dont le processus de labellisation a été lancé samedi. L’OAPI a communiqué officiellement sur ce sujet, donc même l’attiéké de Man ou celui de Bouaké n’est pas labellisé.
2. Le lancement de la procédure ne signifie pas que le nom est protégé. Cela prend jusqu’à une année avant que le processus soit achevé et la labellisation effective.
3. Un label n’est pas une marque. La marque identifie le producteur de produits et de service. Le label est l’expression symbolique de la certification de ces produits et services.
4. Un label est un signe distinctif qui permet de valoriser un produit par rapport à un autre en mettant en avant ses spécificités. Il donne au produit labellisé une valeur territoriale, culturelle. Un label engage sur une qualité, généralement basée sur un cahier de charges normatif. Il n’empêche nullement d’autres personnes d’utiliser le nom «attiéké» ailleurs en CI ou dans le monde.
5. L’IGP (indication géographique protégée) distingue un produit dont toutes les phases d’élaboration ne sont pas nécessairement issues de la zone géographique éponyme, mais qui bénéficie d’un lien à un territoire et d’une notoriété.
6. Dans le cas précis de cette IGP, cela ne signifie nullement que personne d’autre ne peut utiliser le nom attiéké, cela signifie uniquement que le label «Attiéké des Lagunes» permettrait de distinguer l’attiéké d’origine de l’attiéké ordinaire (celui produit ailleurs que dans la région des lagunes).
7. On fabrique, vend et consomme des pizzas ou des hamburgers ivoiriens sans que personne ne s’en émeuve.
8. On en mange d’autant plus depuis que le gouvernement auquel appartient le ministre a laissé entrer en CI au mois de mars 2019, de façon illégale, du riz birman avarié pour sa mise sur le marché. Cette manœuvre dangereuse a été mise à nu grâce à une association de consommateurs et à la levée de boucliers dans l’opinion que cela a suscité. Mais depuis des mois, c’est l’opacité totale sur la suite donnée à ce dossier. Alors, monsieur le ministre, le riz toxique a-t-il finalement été entièrement détruit ou non?
9. Dommage que le fait que la très grande majorité des producteurs de manioc et les autres agriculteurs et planteurs ivoiriens ne sont pas propriétaires des sols et sous-sols qu’ils cultivent ne suscite pas un buzz aussi important que celui de la dénomination d’un produit dérivé de cette racine originaire du Brésil.
10. Bon début de semaine. J’ai choisi exprès une photo où ma tête même ressemble à un grain d’attiéké.
11. Le blocage de tous ceux qui ne savent pas s’exprimer de façon courtoise est un label du mur Facebook de Nathalie Yamb.
Nathalie Yamb
Conseillère exécutive du professeur Mamadou Koulibaly