La crise ouverte entre Guillaume Soro et le Président Alassane Ouattara a abouti à des aveux du camp de l’ancien président de l’Assemblée nationale sur la rébellion de septembre 2002.
Ouattara nullement inquiété par les accusations de Soro au sujet de la rébellion de 2002
Alors qu’un mandat d’arrêt le vise pour tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, lui, cherche un bouc émissaire à ses déboires actuels. Le lundi 23 décembre 2019, les choses sont allées très vite le concernant. L’ex-chef rebelle qui revenait de France après plus de six mois passés hors du pays, a dû détourner son vol vers le Ghana avant de repartir pour le Europe.
Le même jour, l’on a appris de la bouche du procureur de la République qu’un mandat d’arrêt international est lancé contre lui pour ‘’atteinte à la sureté de l’Etat’’ et qu’une information judiciaire est également en cours pour ‘’détournement de deniers publics’’. Face à l’enchevêtrement des faits, Me Affoussiata Bamba-Lamine, avocate et très proche de Guillaume Soro, a cru bon de voler dans les ailes du Président Alassane Ouattara, en confiant un secret lourd de près de deux décennies maintenant.
« …En ce qui concerne l’accusation fallacieuse de déstabilisation qui reposerait sur un enregistrement audio, Monsieur Guillaume Kigbafori Soro tient à rassurer les Ivoiriens qu’il reconnait une seule déstabilisation, celle du 19 Septembre 2002 pour le Compte de l’actuel président de la République, Monsieur Alassane Dramane Ouattara », a-t-elle lâché.
Mais ce qui est présenté comme un aveu de taille pour certains, est considéré comme un pétard mouillé pour d’autres, surtout dans le camp du chef de l’Etat. Et c’est Sidi Touré, le ministre ivoirien de la Communication et des Médias, qui va battre en breche cette sortie de son ex-collègue du même département ministériel. S’inspirant d’un passage écrit par Guillaume Soro dans son livre « Pourquoi je suis devenu rebelle », à la page 58, Sidi Touré invite l’auteur à plus de cohérence avec sa propre conscience.
Dans ce passage en effet, l’actuel président du Groupements et peuples solidaires (GPS) écrit: « Je n’ai aucun doute sur sa capacité à assumer la conduite des affaires de l’Etat. Mais il n’est pas conséquent de prétendre que la rébellion ivoirienne est la branche armée du parti de M. Ouattara … nous ne sommes absolument pas la branche armée de M. Ouattara … ».
Au regard de ce que Soro a lui-même écrit dans son livre témoignage, est-il cohérent aujourd’hui pour lui de vouloir faire porter le chapeau de la rébellion de septembre 2002 à Alassane Ouattara? Ce revirement à 180%, est bien sujet à questions surtout à l’approche de la présidentielle de 2020 à laquelle Soro prétend être candidat.
Selon Sidi Touré qui été chef de cabinet du Président de la République pendant plusieurs années avant qu’il accède à ses fonctions actuelles, ces accusations d’Affoussy Bamba sont sans fondement. « Je tenais son agenda. Je suis donc un témoin vivant, et je peux vous assurer que le chef de l’Etat travaillait essentiellement à promotion des valeurs du vivre ensemble, à travers son parti d’alors, le RDR. Nous avions à cette époque plusieurs modes d’expression en notre qualité de première force de l’opposition, et les armes et la violence n’en faisaient pas partie », confie-t-il dans une interview accordée à l’Agence ivoirienne de presse (Aip).
Pour le Ministre de la Communication et des Médias, nous assistons ‘’aux élucubrations d’individus en déphasage avec la Côte d’Ivoire actuelle qui n’est plus celle d’hier’’. Il prévient d’ailleurs que le Gouvernement n’acceptera pas de faire revivre aux Ivoiriens le douloureux passé des différentes crises. « La Côte d’Ivoire ne sombrera plus dans la violence », rassure-t-il.
C’est pourquoi, au sujet d’un prétendu grand déballage annoncé par le camp Soro, Sidi Touré croit qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. « On se connait dans ce pays ! Cela fait plusieurs jours qu’on nous promet ce prétendu déballage. Malheureusement ils n’ont rien d’autres que des accusations sans fondement pour essayer de noyer le poisson. Tout cela ressemble à de la diversion ! », déclare-il.
A l’en croire, la question qui attend encore réponse est celle de savoir si oui ou non, Guillaume Soro, à travers ses dires et les armes découvertes, avait-il en projet de déstabiliser la Côte d’Ivoire ? « Et pour cela, j’invite Madame Affoussy Bamba à se rendre à Abidjan avec son client pour se faire entendre », dit-il.