Tiburce Koffi est très engagé dans la bataille contre la propagation de la maladie à Coronavirus. Depuis le déclenchement de la pandémie en Côte d’Ivoire, l’intellectuel ivoirien ne tarit pas de mots soit pour fustiger des légèretés dans la gestion de la crise sanitaire, soit pour faire des propositions pratiques de sortie de crise. C’est dans cet ordre d’idées qu’il vient d’adresser une prière tout aussi saisissante au dieu, que-je au diable « Nanan Coronavirus-père-des-calamités ». Lisons ensemble cette prière païenne adressée à la maladie à Coronavirus.
Prière païenne à Nanan Coronavirus-père-des-calamités [Par Tiburce Koffi]
Nanan Coronavirus, car oui, tu es un nanan, c’est-à-dire un Ancêtre, un chef, un guide, c’est à toi que je m’adresse. Parce que les temps sont graves ; pis, ils s’aggravent. Commençons par le… commencement. Tu as commencé ton histoire-là en Chine. On a entendu que tu as tué des milliers de Chinois.
Ce n’était pas bien ; mais on s’est dit que, de toute façon, les Chinois sont trop nombreux ; donc si tu en prends quelques milliers, ce n’est pas très grave. Quand les Chinois se sont organisés pour te désavouer, tu t’es rabattu sur l’Italie. Moi franchement, quand tu es arrivé en Italie, je me suis dit : » Comment ?
Quelle outrecuidance ! Au pays du Vatican, le siège de l’Église ? Au nom de Jésus, tu seras vaincu ! » Mais c’était mal te connaître : tu as frappé les Italiens, tu les a blessés, tués. Jésus n’a rien pu faire. Après avoir humilié l’Italie, tu t’es attaqué à la France, la Suisse, l’Allemagne, le Canada, les Usa.
Là j’ai commencé à flipper, Nanan Coronavirus, car j’y suis en ce moment. Donc pardon nanan Coronavirus, calme le jeu… calme ta fureur. En fait, jusque-là, comme tu n’avais tué que les Chinois et les Blancs, je m’étais dit : « C’est bien fait pour ces gens-là, surtout les Blancs.
Ils nous ont trop fatigués. Traître négrière, colonisation, néo colonisation, etc., ils nous ont fait subir tout ça. Et puis, ils pillent nos ressources, font des coup d’État dans nos pays, emprisonnent à la CPI quelques-uns de nos chefs d’État qui leur résistent.
Donc, tu as bien fait d’arriver chez eux… Puis, tu es allé chez les Arabes. Tu as commencé à faire sale aussi là-bas. Je n’ai pas désapprouvé : tous ces gens-là ont fait du mal aux Noirs africains. Les Arabes nous ont vraiment fatigués avec leur histoire d’islam forcé, l’esclavage, la traite négrière.
Ah ! Nanan Coronavirus, quand tu as commencé à faire le ménage là-bas, je me suis dit : « Justice est faite. Dieu est grand ! » Mais à présent, Nanan Coronavirus, tu commences à m’inquiéter : pour des raisons que je ne parviens pas encore à saisir, tu es arrivé en Afrique noire.
Nanan Coronavirus, pardon, je t’en supplie, laisse-nous. Tu sais très bien que nous n’avons rien, ne sommes rien, ne possédons rien. On dit que tu tues les Blancs parce qu’ils se sont cru trop puissants, tellement puissants qu’ils se moquaient de Dieu.
Ça c’est vrai, c’est leur habitude de tourner Dieu en dérision. Un jour même, ils ont déclaré officiellement que « Dieu est mort ! » Sacrilège et blasphème ! Si, si, Nanan, j’atteste qu’ils ont dit ça. Mais nous, les Noirs, nous n’avons jamais dit des choses comme ça.
Nous croyons en Dieu, Nanan Coronavirus. Nous passons d’ailleurs tout notre temps à LE louer, à ne rien produire, à ne rien inventer, à ne rien faire d’autre que LE louer.
Toi-même tu l’as constaté : nous avons construit de nombreuses églises et mosquées, de nombreux temples et autres espaces de cultes en lieu et place d’écoles, d’hôpitaux, de routes, de centres culturels, de centres de recherches scientifiques et toutes ces fadaises des Blancs qui relèvent de la science du diable.
Alors Nanan Coronavirus, pourquoi veux-tu nous tuer nous aussi ? Qu’est-ce qu’on t’on t’a fait ? Même si c’est Dieu qui t’a envoyé, il faut savoir t’envoyer, cher Coronavirus. Toi aussi ! En tout cas, voilà ma prière de ce soir : pardon Nanan Coronavirus, épargne les Africains, épargne surtout mon pays la Côte d’Ivoire.
Mes respects, Nanan Coronavirus-père-des-calamités.
(1) Allusion à « Njeddo Dewal mère des calamités », Amadou Hampâté Bâ.