La condamnation à 20 ans d’emprisonnement de Guillaume Soro continue de susciter l’indignation de ses proches. Dans une interview accordée à l’APP, Affoussy Bamba a été sans pitié pour le pouvoir d’Alassane Ouattara, qu’elle accuse de manipuler la justice pour des règlements de compte politique.
Affoussy Bamba : « Le régime d’Abidjan est à l’agonie »
Vingt (20) ans de prison ferme, cinq (5) ans de privation de droits civiques, 4,5 milliards de FCFA d’amende et 2 milliards FCFA de dommages et intérêts à l’État de Côte d’Ivoire, telle est la sanction infligée à Guillaume Soro par le Tribunal correctionnel d’Abidjan dans l’affaire de recel de deniers publics et blanchiment de capitaux.
Et pourtant, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) avait pris une ordonnance à travers laquelle elle demandait aux autorités ivoiriennes de surseoir à toutes les poursuites contre l’ancien Président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ses compagnons de Générations et peuples solidaires (GPS).
Me Affoussy Bamba, son avocate et collaboratrice, ne cesse de dénoncer un procès politique ayant pour but d’écarter Soro Kigbafori Guillaume de la course au fauteuil présidentiel, dont il est, selon elle, « le favori ».
« La candidature de Monsieur Guillaume SORO, Président de GPS, suscite l’intérêt de la jeunesse africaine, n’en déplaise au pouvoir d’Abidjan, qui s’acharne vainement à éliminer le candidat le plus redoutable à leur projet de conservation du pouvoir par la force », a-t-elle déclaré.
Pour l’avocate, la Côte d’Ivoire viole ainsi « le principe de la primauté du droit international sur le droit interne » en refusant d’appliquer l’ordonnance de la Cour d’Arusha. « Au-delà de l’affaire Guillaume SORO, le régime de M. Ouattara a un véritable problème avec la loi », accuse-t-elle.
Affoussiata Bamba Lamine en veut pour preuve que le régime d’Abidjan se félicite de l’arrêt rendu par cette même Cour sur la Commission électorale indépendante (CEI) et refuse d’appliquer celle relative aux poursuites contre Soro et ses camarades.
« Quelle incohérence ! M. Ouattara ne respecte la loi que lorsqu’elle lui est favorable, quand elle lui est défavorable, il ne la respecte pas ! », s’est-elle offusquée. Avant de prévenir :
« Le régime de M. Ouattara, au lieu de faire de la fuite en avant, n’aura de choix que de se conformer au droit et d’exécuter les obligations qui lui incombent pour respecter sa signature et ses engagements internationaux. »
L’ancienne ministre de la Communication accuse par ailleurs des magistrats d’être inféodés au pouvoir d’Abidjan et de rendre des décisions commandées depuis le palais présidentiel. Allant jusqu’à accuser le Président Alassane Ouattara de fouler aux pieds la séparation des pouvoirs.
Et pourtant, ressasse-t-elle : « L’ironie ici, c’est que c’est cet homme qui était autrefois interdit de fouler même le sol ivoirien, qui est devenu celui qui l’interdit à son tour aux autres, en empêchant par des artifices la candidature de ceux qu’ils considèrent comme les plus dangereux ! »
Cependant, loin de s’en laisser démonter, l’ancienne porte-parole des Forces nouvelles (ex-rébellion) soutient mordicus que son mentor maintient bel et bien sa candidature au prochain scrutin présidentiel.
Car pour elle, « l’acharnement du régime d’Abidjan à l’endroit de M. Guillaume SORO prouve deux choses, qu’il en a peur et qu’il se sait à l’agonie parce qu’il a perdu le pouvoir ».
Notons qu’à la suite de son retour manqué à Abidjan, le 23 décembre dernier, Guillaume Soro s’est exilé à Paris. Après sa condamnation en Côte d’Ivoire, une autre plainte vient d’être déposée contre lui en France pour des faits liés à la rébellion, dont il a réclamé la paternité.
L’on s’interroge donc par quelle alchimie se tirera-t-il d’affaire pour venir candidater à la prochaine présidentielle, à cinq mois de cette élection.