Kyria Doukouré ne semble aucunement ébranlée par la plainte déposée par Hamed Bakayoko au Tribunal de Première instance d’Abidjan, relativement à l’affaire de trafic de drogue, révélée par Vice-Média, dans laquelle le Ministre d’Etat, ministre de la Défense, a été nommément cité comme faisant partie du cerveau. Pour la cyber-activiste, la plainte du ministre ivoirien n’est rien d’autre que « du bluff de bas étage » car, dit-elle, Hamed Bakayoko n’a pas réellement envie de «porter plainte ».
Kyria Doukouré: « La plainte du Ministre Hamed Bakayoko, c’est du bluff de bas étage »
Hier, nous avons été informés que notre ministre de la défense a mis fin au suspense et a décidé de porter plainte contre certaines personnes morales et physiques, moi y compris. Je voudrais en attendant d’aller plus en profondeur vous proposer une petite ballade intellectuelle sur cet acte juridique.
1- DU CHOIX DU CABINET
Pour le défendre dans cette affaire M. Hamed Bakayoko a choisi de faire confiance au cabinet d’avocats Virtus. Je respecte ces professionnels du droit mais je voudrais cependant m’étonner que pour une affaire en Droit Pénal et Droit Privé international, il choisisse un cabinet spécialisé dans « droit des affaires et droit des transports ». La présentation du cabinet sur leur propre site internet précise qu’ils sont experts en « Banque, finance et investissements ; Infrastructures ; Immobilier et développements fonciers ; Propriété intellectuelle et industrielle, Droit de la concurrence, etc. »
Ça rappelle un peu Mme Fatou Bensouda qui est procureure à la CPI avec un Master en droit maritime. D’où son échec dans ses différents procès. Mais bon, c’est le droit de M. Bakayoko et je le respecte. Il faut juste bien relire les communiqués la prochaine fois.
2- SUR LE LIEU DE LA PLAINTE
Le cabinet cite une jurisprudence relative au lieu du centre d’intérêt de la prétendue victime. C’est la partie la plus ridicule de cette affaire. D’abord, je suis de nationalité Française, M. Daan est de nationalité Belge, M. Ibekwe est de nationalité Nigériane. Si je comprends bien, la France va me faire extrader en Côte d’Ivoire afin que je sois jugée ? C’est ça ? Une ressortissante française va donc être extradée devant le tribunal d’Abidjan afin de répondre de faits de diffamation ?
M. Hamed Bakayoko se moque des gens qui lui accordent du crédit sur cette affaire parce que des moyens plus efficaces et rapides existent : porter plainte dans le pays de résidence de chacun d’entre nous avec des citations directes à comparaitre. Nous aurions tous gagné en célérité. Mais veut-il vraiment d’un procès sur cette affaire ? À vous d’en juger. Sinon, cette prétendue plainte, c’est juste une interdiction de venir en Côte d’Ivoire. C’est du bluff de bas étage. A Abobo, on dit c’est du kpaflotage, c’est un frayaliste.
3- SUR LE FOND
Sans entamer le débat de fond, je voudrais juste faire quelques petites précisions. Je suis surprise que le communiqué cite des articles du droit ivoirien. Puisque je suis française et que je vis en France, la législation qui s’appliquera en la matière est la loi française et celle-ci est très claire sur la diffamation : « La personne visée par la plainte doit être l’auteur des propos diffamatoires. ». Ou alors je suis poursuivie pour « atteinte à l’ordre public » ? Tout ceci est tellement ridicule que je suis étonnée que ça émeuve certains. En choisissant une telle procédure, M. Bakayoko veut camoufler la vérité.
Si M. Bakayoko veut vraiment laver son honneur et celui de la Côte d’Ivoire, qu’il porte plainte en France, en Belgique, au Nigeria et aux USA. Il en a les moyens. À Défaut, l’histoire retiendra que les journalistes ont raison. En fait, ce qu’il faut retenir, c’est que le régime de M. Ouattara est désarmé dès lors qu’il ne peut pas faire usage de la force ou de la justice aux ordres. Dès qu’ils sont face à un échange sérieux, ils sont orphelins de la pertinence et de la rhétorique.
NB: Les titre, chapeau et sous titre sont de la Rédaction.