C’est une nouvelle page qui s’ouvre dans la crise interne qui sévit au Front populaire ivoirien (FPI) depuis 2014. Le rapprochement entre la dissidence du parti de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA de Konan Bédié semble risque de faire voler en éclats l’espoir de réunification du parti leader de la gauche ivoirienne.
FPI: Un nouveau front s’ouvre entre le camp Affi et celui de Laurent Gbagbo
La crise au Front populaire ivoirien est loin de connaître son dénouement. À moins de 4 mois du prochain scrutin présidentiel, l’ex-parti au pouvoir, fragilisé par une crise de leadership qui dure depuis 6 ans, peine encore à retrouver son unité. Pis, le parti semble à nouveau plonger dans une nouvelle crise. Raison invoqué: la signature d’un accord-cadre de collaboration entre la « dissidence » du parti et le PDCI-RDA d’ Henri Konan Bédié, sans au préalable y avoir associée la tendance du parti se réclamant de la légalité, incarnée par Pascal Affi N’guessan.
Conséquence de cette action « solitaire », l’ancien Premier ministre ivoirien et son camp ont suspendu leur participation aux négociations censées aboutir à la réunification du FPI. Ainsi, l’espoir d’une unité retrouvée a laissé place aux invectives et autres piques venant des cadres issus des deux camps. Devrait-on tout de même croire à un apaisement de la situation avant la tenue du prochain scrutin ?
«Nous n’en savons rien ! Le « DJ » dans cette affaire, c’est Affi. Ce n’est pas nous ! Après toutes ces années de jouissance infructueuse de la légalité, à travers mille actes posés sans opposition interne, c’est lui qui est allé à Bruxelles pour soi-disant rendre le FPI à son Fondateur », a répondu Hubert Oulaye, dans une interview récemment accordée à La Voie Originale, publiée le 29 juin dernier.
« Nous attendons la fin du disque que le « DJ Affi » a décidé de jouer et la suite de ce qu’il décidera ! Nous sommes à la table de discussions et nous attendons la fin de sa danse », ironise l’ex-ministre de la Fonction publique, avant de se faire un peu plus sérieux: « Mais qu’ Affi sache que nous nous lèverons bientôt, car l’heure est à la préparation des élections ».
Des propos que n’a pas appréciés la représentation du parti dirigé par Affi N’guessan. « Votre vision étriquée de l’unité qui laisse penser à une capitulation ou une reddition du FPI avec le dépôt entre vos mains, sinon à vos pieds, du logo et des différents attributs du parti est une vue de l’esprit », rétorque Issiaka Sangaré, secrétaire général de la tendance Affi N’guessan du FPI.
« Oui, Monsieur, il nous paraît évident que la nouvelle direction doit fusionner votre organigramme et celui du Parti. Non, Monsieur, aucune unité du parti ne saurait dénier au Président statutaire du FPI une position de premier ordre dans la conduite des activités du parti », recadre-t-il sèchement. Et Issiaka Sangaré de poursuivre : « C’est le lieu de le rappeler, le Président Pascal Affi N’Guessan, s’il accepte de se désister au profit du Président Laurent Gbagbo, ne le fera pas sans condition ».
Pascal Affi N’guessan est en effet candidat à l’élection présidentielle de 2020 et il dit n’y renoncer qu’à la seule condition que l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, fasse figure de candidat du parti. Une éventualité peu probable en raison des démêlés judiciaires du fondateur du Front populaire ivoirien, tant avec la Cour pénale internationale qu’avec la justice ivoirienne. Le risque donc de voir un FPI avec deux candidats à cette élection, n’est pas à exclure.