Amira Lobognon et Aimée Zebeyoux ne partagent pas la même vision de la liberté d’expression en Côte d’Ivoire. Réagissant à un communiqué d’ Amnesty International qui dénonçait l’agression de partisans de l’opposition lors de marches pacifiques par des individus armés de machettes, la secrétaire d’État auprès du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, chargée des Droits de l’homme a formellement démenti ces allégations. Elle vient d’être recadrée par l’épouse du député Alain Lobognon.
« De quelle liberté d’expression parlez-vous ? » (Amira Lobognon)
Amnesty International n’a pas du tout été tendre envers le gouvernement ivoirien suite aux violences survenues lors des marches de protestation contre la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre. L’organisation internationale de défense des droits de l’homme, se basant sur un témoignage exclusif, a noté que « des policiers ont apparemment permis à des groupes d’hommes qui étaient pour certains armés de machettes et de gros bâtons, d’attaquer des manifestants qui protestaient contre la décision du président Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat ». Devant cette grave accusation, les autorités ivoiriennes ont vigoureusement protesté.
La charge est revenue à Aimée Zebeyoux d’apporter la réplique du gouvernement d’Hamed Bakayoko. Dans un communiqué, la secrétaire d’État auprès du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, chargée des Droits de l’homme a opposé « un démenti formel aux allégations tendancieuses d’ Amnesty International« . Elle a aussi condamné « fermement ces accusations non fondées, qui tendent à faire croire que la Police nationale collabore avec des groupes d’hommes armés n’ayant reçu aucune formation à cet effet, en violation des procédures en vigueur en Côte d’Ivoire ».
La secrétaire d’État a également ajouté que le gouvernement « est et demeure respectueux des droits de l’homme, notamment de la liberté d’expression, de la liberté d’opinion et de la liberté de réunion, qui sont garanties à tous et qui doivent s’exercer dans le strict respect de la loi, des droits d’autrui, de la sécurité nationale et de l’ordre public conformément aux dispositions de l’article 20 de la constitution ».
Il n’en fallait pas plus pour faire réagir Amira Lobognon, l’épouse d’Alain Lobognon. À travers un tweet, la compagne du député de Fresco a ouvertement recadré Aimée Zebeyoux. « Mme la SG d’Etat Aimée Zebeyoux, je ne vous apprendrais pas qu’un juge prête serment et surtout vous rappeler MONTESQUIEU. De quelle liberté d’expression parlez-vous si parallèlement on emprisonne des femmes qui manifestaient PACIFIQUEMENT », a écrit Amira Lobognon, dont l’époux ainsi que plusieurs autres cadres de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique de Guillaume Soro, sont incarcérés depuis le 23 décembre 2019.