Le président de la République, Alassane Ouattara, effectue une visite d’Etat dans la région du Moronou du 09 au 12 septembre 2020. Président du Conseil régional et député de Bongouanou (capitale de ladite région), Pascal Affi N’guessan ne sera pas de la partie. Le président candidat du Front populaire ivoirien (FPI) s’est refusé d’y prendre part afin de ne pas faire le lit de son adversaire à l’élection présidentielle d’octobre prochain. En tout cas, c’est ce qu’explique Jean Bonin, son vice-président en charge de la Communication au sein du parti, dans la contribution ci-dessous.
Jean Bonin à Ouattara: «Avez-vous déjà entendu dire qu’un chef d’Etat européen se rend en visite d’Etat dans son propre État ? »
« Le Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara (ADO), effectuera une « visite d’Etat » dans le Moronou, du 9 au 12 septembre prochain. À cette occasion, de nombreux compatriotes se demandent si le président Affi NGuessan sera ou non présent dans le Moronou, région qu’il préside depuis 2018 et dont il est le député depuis 2016, pour accueillir le Chef de l’Etat. Nul n’ignore en Côte d’Ivoire la haute idée que le président Affi, homme d’Etat, se fait de la république et du respect qu’il a pour les institutions et ceux qui l’incarnent. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’à chaque fois qu’il a été convié par le pouvoir en place à une cérémonie officielle il a toujours fait acte de présence.
S’il apparaît tout à fait normal, voire banal, qu’un leader politique, fut-il opposant, présente ses civilités au Chef de l’Etat ou aux membres du gouvernement ce devoir de bienséance ne lui est pas opposable lorsque les responsables gouvernementaux concernés sont en campagne politique ou en visite privée. Dès lors qu’il a fait acte de candidature et officiellement déposé cette candidature devant la CEI, le Chef de l’Etat est au même titre que tous les autres candidats en lice pour la présidentielle à venir. En conséquence de ce qui précède, le président Affi n’effectuera pas le déplacement de Bongouanou vu que c’est le candidat (et non le Chef de l’Etat) qui se rendra dans le Moronou pour le lancement officieux de sa pre campagne présidentielle.
C’est une question de bon sens et de logique politique élémentaire qu’il n’appartient pas à un candidat, quel qu’il soit, d’accueillir et d’accompagner un autre candidat en tournée politique dans sa localité. Par ailleurs, tous ceux qui s’intéressent un peu aux sujets en rapport avec le protocole d’Etat savent qu’il est abusif de parler de visite d’Etat dès lors que le Chef de l’Etat se rend dans une localité ivoirienne et non dans un État étranger. Avez-vous déjà entendu dire qu’un chef d’Etat européen se rend en visite d’Etat dans son propre État ? Encore une incongruité, une bouffonnerie et une « nêgrerie » dont nous africains avons le secret.
Il est dans les États modernes d’usage de faire référence à une visite d’Etat uniquement lorsque le chef d’un État donné effectue une visite officielle dans un État à l’étranger et non dans son propre État. Une visite d’État (ou voyage d’État) est une visite officielle d’un chef d’État étranger dans une autre nation. Elle sert à confirmer la qualité des relations entre deux pays et non à déguiser en voyage officiel une pre campagne financée avec des moyens de l’Etat. Le crime n’étant jamais parfait, c’est l’agenda du chef de l’Etat, communiqué aux élus du Moronou qui dévoile la supercherie. Ainsi, le lendemain de son arrivée, soit le jeudi 10 septembre, le chef de l’État, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre prochain, animera son 1er meeting à Arrah et le second, le vendredi 11 à M’Batto.
Cette pseudo « visite d’État » dans le Moronou prendra fin avec un meeting de clôture qui se tiendra à Bongouanou le samedi 12 septembre. Le devoir d’exemplarité commande que des fonds publics ne soient pas affectés au financement d’une campagne électorale et que des déplacements privés d’un candidat ne soient pas non plus maquillés en voyages officiels juste pour tromper les électeurs à 2 mois de l’élection présidentielle en faisant preuve de sollicitude et de générosité avec de l’argent public. M. Ouattara qui aime à cultiver l’image d’un homme moderne, rigoureux et respectueux des principes de bonne gouvernance, devrait se départir de ces postures antédiluviennes qui n’honorent pas notre pays ».