Acquitté en janvier 2019 de crimes contre l’humanité par la CPI (Cour pénale internationale), Laurent Gbagbo réside à Bruxelles depuis sa remise en liberté en février de la même année.
Me Habiba Touré: « Gbagbo a besoin de se recueillir sur la tombe de tous ses camarades qui sont tombés et qu’il n’a pas pu voir »
En attente d’un éventuel procès en appel devant la CPI, Laurent Gbagbo réside à Bruxelles après son acquittement suivi de sa libération en février 2019. Au départ interdit de quitter son lieu de résidence, l’ancien président est, depuis le 28 mai 2020, autorisé à voyager à condition d’avoir eu au préalable l’autorisation des autorités du pays de son choix. Mais pour le fondateur du FPI, point n’est besoin de chercher une destination autre que la Côte d’Ivoire, son pays natal. Depuis lors, Laurent Gbagbo a introduit auprès des autorités ivoiriennes une demande d’obtention de son passeport, mais la procédure traine.
« Malheureusement nous n’avons eu aucun retour de la part de l’ambassade et des autorités ivoiriennes. Il nous a clairement été sous entendu, qu’il ne sera pas donné suite à la demande de passeport. C’est ce qu’il nous a été sous entendu dans la mesure où il nous a été indiqué que la délivrance du passeport dépendait de l’autorisation éventuelle donnée par les autorités politiques d’Abidjan », explique Me Habiba Touré dans une interview accordée à dw.com. Depuis sa demande d’obtention de son passeport, les événements se sont enchainés pour Laurent Gbagbo.
Condamné par contumace à 20 ans de prison par la justice ivoirienne, son nom a été retiré de la liste électorale provisoire. Mais son avocate refuse d’abdiquer car, pour elle, ‘’il est hors de question (…) d’abandonner cela et de laisser les autorités ivoiriennes faire ce qu’elles veulent finalement puisque la délivrance d’un passeport ordinaire est le droit le plus absolu attaché à tout ressortissant ivoirien’’. A la question de savoir ce que compte bien faire l’époux de Simone Gbagbo une fois rentré en Côte d’Ivoire, Me Habiba Touré répond sans ambages.
« Si vous étiez privé de votre pays pendant des années et que vous souhaitiez rentrer chez vous, c’est pour rentrer chez vous. C’est pour vous sentir chez vous. C’est pouvoir voir vos proches. Mais pour Laurent Gbagbo, il ne faut pas oublier que quand sa mère est décédée il était à La Haye et qu’il n’a pas pu l’enterrer. Il a besoin de se recueillir sur la tombe de sa mère. Il a besoin de se recueillir sur la tombe de tous ses camarades qui sont tombés et qu’il n’a pas pu voir. Il y a aussi cette donnée là ! Tout n’est pas que politique, il y a aussi une donnée humaine », a-t-elle confié. En attendant une solution à ses démêlés judiciaires, la candidature de Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle d’octobre prochain, a été déposée, lundi 31 août 2020, par ses partisans regroupés au sein de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS).
« (…) Vous noterez que la radiation de la liste électorale intervient juste après la demande de passeport ordinaire. Donc on voit bien que finalement, c’est une manoeuvre politique qui visait à empêcher le président Laurent Gbagbo à éventuellement compétir dans le cadre de l’élection présidentielle. C’est une manoeuvre donc politique, qui est à dénoncer et qui met en évidence la logique exclusionniste de Monsieur Ouattara. Maintenant, en ce qui nous concerne, clairement nous n’entendons pas renoncer ! Vous avez bien que la plupart des militants et sympathisants du président Laurent Gbagbo n’ont pas été dupes et on entendu déposer un dossier de candidature du président Laurent Gbagbo ! Dossier de candidature qui a été déposé avec tout le soutien du président Laurent Gbagbo », a-t-elle déclaré.