La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a demandé à Alassane Ouattara et à son gouvernement de remettre Guillaume Soro en course pour la présidentielle du 31 octobre 2020. La Cour basée à Arusha a délivré un communiqué au travers duquel elle appelle à « surseoir à l’exécution de tous les actes pris à l’encontre du Requérant Guillaume Kigbafori Soro subséquemment à l’ordonnance du 22 avril 2020 jusqu’à la décision de la cour sur le fond de la cause ». Mais le gouvernement ivoirien a opposé une fin de non-recevoir à la requête de la CADHP.
Les avocats de Guillaume Soro chargent Alassane Ouattara
Mardi 15 septembre 2020, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a laissé entendre auprès des autorités ivoiriennes qu’elles devraient « »surseoir à l’exécution de tous les actes pris à l’encontre du Requérant Guillaume Kigbafori Soro subséquemment à l’ordonnance du 22 avril 2020 jusqu’à la décision de la Cour sur le fond de la cause » et aussi « prendre toutes les mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant au Requérant Guillaume Kigbafori Soro de jouir de ses droits d’élire et d’être élu notamment lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020 ».
En guise de réponse, le pouvoir d’Alassane Ouattara a affirmé que « le gouvernement n’a pas de réaction sur les décisions judiciaires ». « Nous ne nous sentons pas concernés par cette question. Nous l’avons suffisamment affirmé au cours d’une déclaration précédente. Il faut aussi relever que l’instance judiciaire que nous reconnaissons, c’est le Conseil constitutionnel », a martelé Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement au cours d’une conférence de presse. Le ministre de la Communication et des Médias a insisté pour dire qu’il faut « éviter de penser que c’est l’extérieur qui doit nous imposer le rythme de fonctionnement de nos institutions ».
Deux semaines plus tard, les avocats de Guillaume Soro reviennent à la charge. Dans une note datée du mardi 22 septembre, ils déplorent la décision d’Alassane Ouattara « contraire aux intérêts des Ivoiriens, et laissant craindre la poursuite des violations de l’État de droit et des décisions de justice internationale, commises par le président sortant ».
Tout en affirmant qu’il « prend au mot le gouvernement », le collectif des avocats du député de Ferké note que si le pouvoir du Rassemblement des houphouëtistes et la démocratie pour la paix est « «respectueux de l’ensemble des droits et libertés consacrés par la Constitution et par les instruments juridiques internationaux auxquels il a souscrit décisions rendues la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples », il devrait commencer par exécuter les trois décisions rendues par la Cour africaine de l’homme et des Peuples, dont deux les 22 avril et 15 septembre 2020, concernant M. Guillaume Kigbafori Soro et ses proches qui doivent être immédiatement libérés et le troisième, le 15 juillet 2020, sur la CEl qui doit être rééquilibré en tenant compte de l’opposition et des organisations de la société civile ».
Le communiqué indique qu’Alassane Ouattara et son gouvernement « seront les seuls responsables du recul de l’État de droit en Côte d’Ivoire avec toutes les conséquences qui vont en résulter ».