En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle est prévue pour le 31 octobre 2020. À un mois de cette importante échéance électorale, les partis politiques de l’opposition, ainsi que des organisations de la société civile font pression sur Alassane Ouattara en vue d’un report du scrutin. Pour le président ivoirien, il n’est nullement besoin de repousser la date de l’élection majeure du pays. Mais un évènement pourrait tout faire basculer.
La présidentielle finalement reportée ?
Alassane Ouattara est en lice pour un 3e mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Le président sortant dont la candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, est vivement critiqué par ses adversaires politiques. Selon l’opposition ivoirienne, le chef de l’Etat n’a pas le droit d’être candidat à la présidentielle d’octobre. Mais l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) soutient que la Constitution l’autorise à briguer un autre mandat.
Sur les 44 candidatures transmises par la Commission électorale indépendante (CEI), le Conseil constitutionnel a validé les dossiers d’Alassane Ouattara, d’Henri Konan Bédié, de Pascal Affi N’guessan et de Kouadio Konan Bertin (KKB). Cependant, excepté KKB, les adversaires du président sortant ont annoncé qu’ils ne prendraient pas part au scrutin tant que la candidature du patron du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) n’est pas retirée. Ils exigent aussi la dissolution du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante.
Le gouvernement ivoirien n’a pas encore répondu favorablement aux exigences de l’opposition, qu’on apprend que l’Alliance des forces démocratiques (AFD) et la Ligue des mouvements pour le progrès (LMP) se retirent de la CEI. Au cours d’une conférence de presse organisée le mercredi 30 septembre 2020, ces deux organisations ont déploré « le refus méprisant du gouvernement de poursuivre le dialogue politique », de « la mise en place des démembrements de la CEI sans accord politique », du « double refus d’appliquer le consensus dans la mise en place des bureaux des commissions locales et de l’arrêt du CADHP« .
L’AFD de Pascal Affi N’guessan et la LMP « notent que le Conseil Constitutionnel qui est la juridiction suprême en matière électorale a éliminé la plupart des candidatures de manière arbitraire. Il a par contre validé la candidature de monsieur Alassane Ouattara, en violation des dispositions pourtant claires de la constitution ivoirienne ». Pour ces deux structures, « cette attitude méprisante est la principale source de menaces sociales et politiques, la cause de la montée des dérives verbales et des tensions de toutes formes dans l’opinion nationale, dans les villes, les communes, les quartiers et les villages ».
Au regard de tout ceci, dans le souci de ne « point se faire complice du hold up électoral mis en place par le Gouvernement, le Conseil constitutionnel et la Commission électorale indépendante, les plateformes AFD et LMP ont instruit toutes les personnalités qu’elles ont proposées pour siéger dans les commissions électorales communales, sous-préfectorales, départementales, régionales et à l’étranger, de suspendre leurs activités au sein des démembrements de la CEI ». Ils refusent de « s’associer à une mascarade électorale. C’est pourquoi elles demandent à leurs représentants de ne plus participer aux réunions convoquées par les nouveaux bureaux locaux de cette institution. Tous les représentants de l’AFD et de la LMP doivent attendre de recevoir de nouvelles instructions ».
Du coup, Alassane Ouattara se retrouve dans une impasse à un mois de la présidentielle. Le chef de l’État va-t-il s’entêter et organiser l’élection présidentielle dans ces conditions ? Il faut noter que plusieurs voix dont celle de l’ONG International Crisis Group, se sont élevées pour réclamer un report de la présidentielle. En visite d’État à Bouaflé, le président ivoirien avait laissé entendre que même s’il le voulait, il ne peut pas reporter le scrutin.