Ibrahim Ben Bamba a véritablement balayé l’actualité sociopolitique ivoirienne dans une interview accordée à Afrique-sur7. Dans cet entretien à coeur ouvert, le Délégué communal associé RHDP Danané1, par ailleurs Secrétaire national en charge de la Diaspora et des relations extérieures CP-RHDP, déclare qu’il fait totalement confiance au Président Alassane Ouattara pour organiser des élections apaisées.
Ibrahim Ben Bamba (cadre du RHDP): « Dites à Guillaume Soro qu’il ne nous fait pas peur »
Comment entrevoyez-vous l’élection présidentielle du 31 octobre 2020?
Pour moi qui ai été allaité au biberon socialiste en France, je suis convaincu que les choses se passeront assez bien. C’est vrai qu’il y a des remue-ménages avant, mais nous avons un président de la République responsable qui nous demande de lui faire confiance. Nous avons des autorités compétentes, un ministre de la Sécurité assez professionnel et engagé. Ce qui prévaut actuellement, c’est que chacun garde sa sérénité pour aller tranquillement exprimer son désir de changement ou de continuité le 31 octobre.
Vous ne craignez pas des risques de troubles lorsque l’opposition appelle par exemple à la désobéissance civile?
En tant que fils du pays, une partie de mes concitoyens ne peuvent pas être amers et moi rester insensible. Mais quand je vais dans le fond, je vois une opposition qui est en perte de vitesse et qui, en réalité, a pris son temps à jouer à cache-cache avec la CEI et le processus électoral; une opposition qui, au finish, se rend compte qu’elle n’a pas travaillé en amont. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’opposition appelle à la désobéissance civile, juste pour ne pas aller aux élections. Une désobéissance qui n’est déjà pas suivie par l’ensemble des Ivoiriens. C’est tout de même regrettable de voir une opposition pas suffisamment responsable. Quand on dirige un parti politique, c’est pour conquérir le pouvoir. Et pour diriger le pays, il y a toute une organisation qu’on met en place pour gagner les élections. Je pense que l’opposition n’est pas suffisamment préparée pour aller à ces élections.
L’opposition demande entre autres le retrait de la candidature du président Ouattara, la dissolution de la CEI et du Conseil constitutionnel. Vous pensez que ces revendications ne méritent pas d’être prises en compte?
À écouter l’opposition, on croirait à un jeune caporal qui vient de faire un coup d’État. Des gens qui sont prêts à dissoudre tout ce qui est institution de la République. C’est regrettable. Sur la question de la candidature du président de la République, il n’y a pas plus habilité que le Conseil constitutionnel qui a validé cette candidature. Il va sans dire que cette candidature est légitime; c’est la première candidature de la troisième République. Le président Ouattara l’avait dit dans tous ses discours: la nouvelle constitution lui permettait de se représenter. Il avait souhaité se retirer. Le sort en a voulu autrement. Quoi de plus normal qu’il se représente.
Au regard de la liste définitive des candidats, est-ce qu’il faut encore avoir confiance au Conseil constitutionnel?
Vous voyez! Ce n’est pas avec le Conseil constitutionnel qu’il y a un problème. C’est avec les candidats qu’il y a un problème. On a vu des candidatures par procuration. Des candidats qui, par leur avocat, disent qu’ils n’ont jamais donné mandat à quelqu’un pour déposer leur candidature. On a vu des candidatures de complaisance, des chèques en bois; des gens qui n’ont pas de parrainages. Il faut qu’on soit sérieux dans ce pays. On parle quand même de la présidence de la République. Il faut être structuré; il faut avoir du monde avec soi. C’est bien l’opposition qui a proposé le système de parrainage. Mais au lieu d’aller sur le terrain, à bien faire le travail, ils sont restés à Abidjan en train de critiquer la candidature des autres. Donc le Conseil constitutionnel n’a rien à se reprocher. Il a fait son travail. Nous prenons acte. Nous allons regarder le programme de chaque candidat et nous allons voter.
Est-ce que le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est une raison suffisante pour se présenter à un 3e mandat?
Ce n’est pas un troisième mandat. Il faut relever cette nuance-là. C’est le premier mandat de la troisième République. Le décès de quelqu’un qu’on a préparé pendant 30 ans. Pour un pays qui est sorti de crise en 2010. Le pays était en lambeaux; le président Ouattara a relevé la croissance du pays; il a donné du souffle au pays; il nous a redonné notre dignité à l’international. N’oubliez pas les grands événements qui ont eu lieu en Côte d’Ivoire: les jeux de la francophonie. Il a ramené les investisseurs étrangers qui étaient tous partis. Tout ça, ce sont des indicateurs. Il l’a fait avec une équipe dont Amadou Gon était le chef. Dieu nous l’a arraché. Vous comprenez qu’on ne peut pas prendre une personne comme çà, en deux mois, pour faire d’elle un candidat. On allait retomber dans les mêmes travers. Je pense que c’est une raison valable pour que le président se représente.
Pour l’opposition, c’est un argument quand même léger, en plus de violer la constitution qui limite à deux le nombre des mandats…
Nous n’avons pas besoin de l’avis de l’opposition. L’opposition ferait mieux de se trouver ses propres candidats. Après dix années de gestion, il y a quelqu’un qui a été préparé. Et cette personne-là, Dieu nous l’a arrachée. On ne peut pas prendre le premier venu pour en faire notre candidat. Si vous regardez bien, vous verrez que le président Ouattara, c’est quelqu’un qui est très structuré. Quand il annonçait la candidature d’Amadou Gon, peu sont ceux qui croyaient qu’il était présidentiable. Des gens disaient qu’il n’était pas charismatique, qu’il n’était pas populaire. Mais à la veille de son départ, il est devenu dans la conscience collective le futur président. Donc c’est un mandat que le président Ouattara va chercher, malgré lui. Je pense que c’est un mandat transitoire. Il va travailler de sorte que celui qui lui succédera soit très tôt détecté. La vérité en politique, c’est d’avoir d’abord une histoire avec toutes les régions. Quand vous voyez le Premier ministre Amadou Gon poser les premières pierres d’infrastructures, c’était cela. Il échange avec les chefs traditionnels en marge de toutes ces actions. Il recueille leurs doléances. C’est tout cela qu’il faut préparer. On ne sort pas de nulle part pour être président d’une nation. Ce n’est pas possible. Je pense que le président prendra le temps de former quelqu’un qui va valablement lui succéder.
Que pensez-vous des manifestations parfois violentes contre cette candidature du président Ouattara?
Je m’incline devant la mémoire des personnes décédées et je présente mes condoléances aux familles éplorées. Mais, pour moi, ce sont des manifestations qui n’en valaient pas la peine. On n’est pas d’accord, on va aux urnes et on exprime nos désaccords. On ne va pas répéter les erreurs du passé; être passionné de sorte à oublier nos valeurs; aller brûler un commissariat, des autobus qui transportent les pauvres citoyens; aller tabasser des forces de l’ordre. On a vu des policiers à Gagnoa qui ont été pourchassés, d’autres ont été tabassés à Bonoua. Mais pourquoi tout cela? Je tire mon chapeau à la police qui est devenue professionnelle. Nous, en notre temps, on nous tirait dessus à balles réelles. Je trouve dommage qu’on en arrive là, mais je pense que la sagesse va habiter notre jeunesse.
Que répondez-vous à ceux qui plaident pour un report de la présidentielle?
On a un président qui est sérieux. La Constitution nous demande de faire les élections le dernier samedi du mois d’octobre. C’est ce qui sera respecté. Il n’y a pas de report qui tienne. Ils auraient pu préparer ces élections; ils ne l’ont pas fait. Ils ont passé tout leur temps à dénigrer le candidat des autres. Ils récoltent ce qu’ils ont semé. Je pense que la sagesse va habiter tout le monde et on ira à ces élections pour que chacun vote son candidat.
Et lorsque Guillaume Soro dit qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre, il n’y a pas lieu de s’inquiéter?
Pour tout le respect que j’ai pour Guillaume Soro, en tant que jeune leader, il dégringole de jour en jour. Quand il menace, ce n’est pas comme ça qu’il parviendra à diriger le pays. Je lui demande de se calmer. Il est encore jeune. Dans cinq ans, il y aura de nouvelles élections; l’énergie qu’il perd aujourd’hui à menacer, qu’il mette cette énergie à profit pour organiser son parti pour les élections de 2025. Guillaume Soro ne peut pas effrayer les Ivoiriens. On ne peut pas vivre sous l’épée de Damoclès de Guillaume Soro. Tu ne peux pas vivre à 6000 km et menacer une Nation. Dites à Guillaume Soro qu’il ne nous fait pas peur.
Vous ne craignez pas des risques de troubles si l’élection était maintenue à cette date?
Pourquoi avoir peur? Ceux qui voudront troubler la quiétude des Ivoiriens répondront de leurs actes. Je pense que les Ivoiriens ont compris que ces opposants-là, parlent en réalité, que pour eux-mêmes. Aujourd’hui, il y a des acquis. Le président Ouattara a fait beaucoup pour la Côte d’Ivoire. La jeunesse aspire à d’autres choses. On n’est plus dans les années 90 où un opposant pouvait lancer un mot d’ordre et on prenait la rue. C’est fini çà! Nous sommes dans un pays organisé et structuré, je pense qu’il n’y aura pas de trouble le 31 octobre.
Quel souvenir gardez-vous du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly?
Parler d’Amadou Gon Coulibaly au passé, c’est un peu difficile pour moi. Je garde le souvenir d’un homme avec grand H. Nous avons connu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly dans l’opposition. À l’époque, il était chaud bouillant. Nous, on l’appelait ‘’le lion’’. Il a fait le job et après, quand son mentor est arrivé, il s’est effacé. Il a travaillé dans l’ombre sans faire de l’ombre à son mentor, jusqu’à ce que son mentor aille le chercher pour le ramener sous les feux des projecteurs. C’est cette image-là que je veux qu’on retienne de lui. Nous, jeunes, devons adopter ces valeurs-là. Savoir sortir quand il le faut et savoir se replier quand il le faut. Attendre son heure.
Après deux mandats, pensez-vous que le bilan du président Ouattara est satisfaisant pour prétendre briguer un mandat supplémentaire?
Si ce n’est que le bilan qui redonnait le pouvoir, je pense que Ouattara pourrait rester président pendant 50 années encore parce que son bilan est plus que positif. Son bilan est attrayant. La Côte d’Ivoire n’est plus le même pays. Pour nous qui sommes sortis du pays en 2000 – 2001 pour revenir en 2015, la Côte d’Ivoire n’est plus le même pays. Aujourd’hui, notre pays est quasiment le numéro 1 en Afrique de l’Ouest. Le pays a retrouvé sa stabilité. Je pense que c’est un bilan qui est élogieux. Nous devons l’encourager. La candidature du président Ouattara, c’est son bilan et sa personne qui inspirent confiance. Un homme qui n’est pas dispersé; un homme structuré, un homme qui dit et qui fait. Un homme qui ne dilapide pas les deniers publics. Le peuple de Côte d’Ivoire sait ce que Ouattara a apporté à ce pays et je sais que le 31 octobre, ce sera un plébiscite pour le président de la République.
Avec du recul, comment expliquez-vous tous ces départs du RHDP? Est-ce que ce n’est pas le président Ouattara qui est le problème?
Aucune de ces personnalités n’est partie par rapport à la gestion des affaires de l’État par le président de la République. Chacun parle pour son ventre. Il y a un égo qui est surdimensionné de chacun. Regardez Henri Konan Bédié qui, à 90 ans presque, part du RHDP parce que Ouattara n’aurait pas voulu lui laisser le pouvoir. Il ne dit pas que Ouattara a mal géré le pays. Il dit que Ouattara ne veut pas lui faire la passe. Mais ce n’est pas une tontine. Quand on prend le cas Guillaume Soro, d’abord il dit qu’il était témoin lorsque Ouattara promettait le pouvoir à Bédié. Ensuite, il dit que Ouattara lui a promis qu’après lui, ça devrait être lui Soro. Ils se battent pour leur ventre à la vérité, pas pour le peuple. Le président de notre conseil régional, le Tonkpi, le grand-frère Albert Mabri Toikeusse, il arrive chez nous et il dit: « j’ai quitté Ouattara parce qu’il a préféré son frère à moi». Alors que c’est lui qui est venu nous présenter Amadou Gon Coulibaly à Danané, disant qu’Amadou Gon était son frère. Si votre papa a choisi ton frère, tu ne pars pas pour ça. Et quand Dieu nous arrache à l’affection de ce frère-là, tu reviens à la maison. La porte n’était pas fermée. Amon Tanoh, c’est pareil. Il n’était pas d’accord sur le choix du candidat. Donc en réalité, il n’y a aucun de ces opposants qui fait un combat pour le peuple. Ils font un combat personnel ou pour un deal qui a mal tourné. Ce n’est pas cohérent. Le peuple aspire à autre chose.
Voulez-vous dire que Mabri Toikeusse, Soro et Amon Tanoh devraient pouvoir revenir au RHDP, après le décès d’Amadou Gon?
Oui, pour ceux qui n’étaient pas d’accord avec le choix du candidat. C’est leur maison qu’ils ont bâtie avec leur sueur, avec les forces de leurs mains, leur intelligence. Mais quand ils restent loin, on comprend tout de suite qu’ils n’étaient pas sincères dans leur travail.
Comment allez-vous vous y prendre dans votre localité à Danané pour faire élire le président Ouattara surtout que cette zone est réputée proche de Mabri Toikeusse?
Nous avons une coordination. Je peux vous dire qu’en réalité, Mabri ne peut pas faire le poids devant le RHDP à l’ouest. Toute la région est RHDP. C’est parce qu’il était au RHDP qu’il croyait avoir tout ce monde. Aujourd’hui, quand on prend des localités comme Danané, le maire et le député sont RHDP. Logoualé, Sipilou, Biankouma, pareil. Il n’y a que le maire d’une petite localité qui n’est pas RHDP. Dire qu’il ne pèse pas grand-chose, je ne le dirai pas puisque c’est quelqu’un qui a fait quand même 17 ans dans le gouvernement et qui est président du conseil régional. Je ne peux pas dire qu’il ne pèse pas grand chose mais il ne fait pas le poids devant le RHDP.
Ne craignez-vous pas qu’il appelle à un report des voix vers le candidat de l’opposition?
Il peut le faire. C’est son droit. Mais nous, on sait mouiller le maillot. On sait comment parler à nos parents. On sait mettre en avant ce que le président Ouattara et le gouvernement ont fait pour notre région. Je vous donne rendez-vous au lendemain du 31 octobre et vous verrez que nous avons des hommes et des femmes capables de faire changer la donne.
Qu’adviendrait-il si l’opposition appelait à un boycott des élections?
Ils le peuvent. Nous, on a appelé au boycott en 1995. On a également appelé au boycott des législatives en 2001. Mais la politique de la chaise vide n’a jamais fait profit. Notre loi fondamentale dit que s’il y a 3 votes et que le président a deux voix, il est déclaré élu. Alors le président Ouattara, s’il est élu, sera le président de tous les Ivoiriens.
Vous êtes membre de l’Alliance des Alassanistes. Parlez-nous brièvement de ce mouvement…
Le mouvement des Alassanistes, est un mouvement de jeunes cadres, opérateurs économiques, hauts fonctionnaires qui avons décidé de nous mettre ensemble. Parce qu’en réalité, Félix Houphouët-Boigny est notre grand-père. Le président Alassane Ouattara peut se dire Houphouetiste; nos pères également, mais nous, à la réalité, nous n’avons pas connu la politique du président Houphouët-Boigny même si nous voyons son oeuvre. La personne dont nous avons vu la politique, c’est le président Alassane Ouattara. Nous l’avons vu depuis l’opposition. Nous avons suivi les valeurs qu’il incarne jusqu’au pouvoir. Nous sommes fiers de nous reconnaître dans ses actions et de porter son flambeau. C’est pour cela que nous nous appelons Alassanistes Esprit AGC en référence aux valeurs qu’incarnait le Premier ministre Amadou Gon.
Avec cette troisième candidature, à quand le pouvoir à la nouvelle génération?
En réalité, cette candidature est celle de la jeunesse. Depuis le deuxième mandat du président Ouattara, il a commencé à positionner véritablement les jeunes. Quand vous voyez de jeunes ministres comme Mamadou Touré, Mys Bellemonde, Brice Kouassi; quand vous voyez le Premier ministre Hamed Bakayoko; le gouvernement est jeune. Ce sont des porteurs d’espérance; c’est eux qui portent cette candidature-là et nous, on sera là pour les accompagner.
À quelques jours du scrutin présidentiel, quel est votre appel aux populations?
C’est un appel au calme, à la sérénité. Le peuple a beaucoup souffert des affres de la crise de 2010. Il ne faut plus qu’on retombe dans ces travers. Il faut aller voter sereinement le 31 octobre. Il faut faire confiance à nos institutions et je n’ai pas de crainte que les choses se déroulent autrement.