Démissionnaire de la Préfecture d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié s’est assigné pour mission d’oeuvrer à apaiser les coeurs de ses compatriotes pour des élections tout aussi apaisées. Mais dans cet élan, l’ancien Préfet d’Abidjan constate avec regret qu’il y a encore des personnes qui continuent de tenir des langages guerriers.
Vincent Toh Bi : « Tous ceux qui ont broyé ont été broyés eux-mêmes »
Bien avant sa démission de son poste de Préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi présentait déjà des signes avant-coureurs de ses démêlés avec des hommes du pouvoir. Un projectile reçu lors d’une manifestation à Attécoubé, enfumage au gaz lacrymogène à Yopougon Toits-rouges sont autant de faits subi par l’administrateur civil. Et comme si cela ne suffisait pas, Vincent Toh Bi vient de recevoir quelques menaces.
« Nous on va te broyer”, m’a dit quelqu’un hier. Je n’ai pas réalisé que la Côte d’Ivoire était devenue un moulin géant à broyer, à écraser et à concasser tous ceux qui ont des opinions différentes », raconte l’ancien Préfet, avant d’ajouter : « Si les partisans de l’Opposition ont pour seule mission de broyer ceux qui ne les rejoignent pas; si les partisans du Pouvoir n’ont pour seule arme que de concasser ceux qui ne partagent pas leurs idées; si les partisans du Pouvoir et de l’Opposition ne rêvent que d’écraser, de broyer et de concasser ceux qui veulent seulement se mettre au milieu de la basse-cour, il y a fort à craindre que les efforts pour bâtir un pays prospère et pacifique soient vains. »
Poursuivant, l’ancien Gouverneur du Département d’Abidjan interpelle ses détracteurs : « Respectons-nous mutuellement. Acceptons nos différences. C’est ce qui construira notre pays. On n’a pas besoin d’appartenir à la même maison pour commencer à s’aimer. Il y a une chose que personne n’ose dire dans le débat politique en cours en Côte d’Ivoire : tous ceux qui ont broyé d’autres ont toujours été broyés eux-mêmes, dans les cycles de gouvernance de ce pays. Dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire, cette vérité n’a jamais été trahie. »
Car pour lui, « au lieu d’instiguer la peur les uns contre les autres et nous faire rattraper plus tard par les fantômes de nos mauvais actes passés, pourquoi ne pas adopter le discours et le comportement qui permettent à tout le monde de vivre tranquille, quelle que soit l’Opposition et quel que soit le Pouvoir en place ? »
Avant de lancer cet appel : « Vous les experts en broyage et en concassage des deux camps, quand on parle de paix, c’est à vous qu’on s’adresse. L’Histoire regarde et jugera chacun de nous. Nul n’échappera. »