Vincent Toh Bi Irié a séjourné récemment à Daoukro, la ville natale de l’ancien président Henri Konan Bédié. L’ex-préfet de la ville d’Abidjan, fondateur de la plateforme Aube Nouvelle, a bien voulu se rendre compte de l’impact des violences électorales sur cette ville située dans le centre de la Côte d’Ivoire.
Vincent Toh Bi Irié : « Daoukro a peur… »
La ville de Daoukro, dans le centre de la Côte d’Ivoire, a été vivement touchée par les violences électorales. On se souvient encore de la vidéo montrant des individus jouant au football avec la tête d’un jeune homme qui venait d’être décapité. Selon Sidi Touré Tiémoko, ces violences ont causé la mort de 85 personnes. « Le bilan que nous tirons avec compassion et regret fait état de 85 morts dont 34 avant l’élection présidentielle, 20 pendant l’élection et 31 personnes décédées après les élections. Vous noterez aussi 484 blessés dont certains éléments des forces de défense et de sécurité », a déclaré le porte-parole du gouvernement ivoirien le mercredi 11 novembre 2020 à l’issue d’un Conseil des ministres, précisant que « les localités impactées sont Dabou, Divo, Daoukro, Yamoussoukro, Bongouanou et Toumodi » et que « 225 personnes ont été interpellées, 176 inculpées et 45 placées sous mandat de dépôt ».
Engagé dans la construction de son pays, Vincent Toh Bi Irié qui a démissionné de son poste de préfet d’Abidjan est désormais à la tête d’Aube Nouvelle. C’est au nom de cette plateforme qu’il a effectué le déplacement à Daoukro, la ville natale d’ Henri Konan Bédié. « À Daoukro, la cohésion entre communautés avait commencé à se fissurer depuis quelques années. En 2018, quelques brèches sont devenues visibles dans le mur de la cohésion. Les tournures politiques de 2020 ont accéléré l’éclatement. La douleur a effacé toute diplomatie langagière. “Trop, c’est trop” « , a-t-il fait remarquer dans une publication sur sa page Facebook.
Vincent Toh Bi Irié indique qu’il a pu échanger avec des victimes des violences électorales et qui portent les stigmates des agressions. « Un frêle jeune homme me montre son œil droit qui ne voit plus. Un calibre 12 l’a éclaté. Une autre maman pleure l’œil perdu de son fils qui est en terminale. 3 jeunes m’obligent à toucher différentes parties de leurs corps. Il y a à l’interieur de leurs chairs des chevrotines qui n’ont pas encore été extraites. À part ces témoignages visibles, les jeunes des différentes communautés tiennent à ce que nous voyions des photos effroyables de personnes décédées ou blessées », a témoigné l’ancien préfet d’Abidjan.
Le fondateur de la plateforme Aube Nouvelle admet qu’ « il est devenu évident depuis Daoukro que le plus grand chantier auquel les décideurs publics devront s’atteler, c’est la réconciliation ». Il note que « la cohésion communautaire a été gravement fissurée à certains endroits » et « aucun développement harmonieux ne sera plus possible, si la vie communautaire n’est pas repensée ».