Alassane Ouattara se prépare à être investi Président de la République. Mais ce mandat supplémentaire du chef de l’État ivoirien continue de susciter une véritable polémique, et même une crise en Côte d’Ivoire. Le lapsus du ministre Sidi Touré est venu mettre de l’eau au moulin de ceux qui ne reconnaissent aucune légitimité à cette réélection.
La controverse se poursuit entre pouvoir et opposition au sujet du 3e mandat de Ouattara
Alassane Ouattara avait annoncé sa retraite politique définitive, avant de revenir dans l’arène politique après le brusque décès de son Premier ministre et dauphin Amadou Gon Coulibaly. Mais ce rétropédalage du chef de file des houphouëtistes n’est nullement du goût de l’opposition qui avait organisé, dès le mois d’août, des marches éclatées à travers la Côte d’Ivoire pour contester cette candidature.
Désobéissance civile, boycott actif, création du Conseil national de transition (CNT) sont autant d’actions menées par Henri Konan Bédié et ses compagnons de l’opposition pour faire barrage à ce qu’ils qualifient de « passage en force » du chef de l’État. Pour ces opposants, le 3e mandat du président Ouattara est « anticonstitutionnel ». « Il (Ouattara) doit donc titrer toutes les conséquences et en déduire, malgré tous les actes anticonstitutionnels qui sont posés actuellement, qu’il n’est pas légitimement le président de la République », avait déclaré le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), chef de file de l’opposition.
Ce n’est cependant pas la même lecture du côté du pouvoir à propos de cet autre mandat d’Alassane Ouattara. Selon la version officielle, communément partagée par les tenants du pouvoir et autres militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la Constitution adoptée le 8 novembre 2016 vient remettre le compteur à zéro. Donc pour eux, il ne s’agit que « du premier mandat de la troisième République ».
3e mandat d’ADO, un lapsus révélateur de Sidi Touré ?
Il faut toutefois noter que cette dernière interprétation, bien qu’étant celle qui est de plus en plus mise en avant par les proches du palais d’Abidjan, semble ne pas être encore bien ancrée dans les esprits. En témoignent les régulières méprises de hauts responsables du parti présidentiel sur la terminologie à employer.
La dernière en date est bien celle du ministre Sidi Touré, lors du compte rendu du Conseil des ministres du mercredi dernier. « Le prochain conseil des ministres se tiendra, le 23 décembre 2020. Bien sûr, vous comprendrez que cela se tiendra juste après l’investiture du Président de la République, le président élu. Donc ce conseil du 23 décembre inaugurera la série des premiers conseils dans le cadre du troisième mandat, (Oups) du premier mandat de la première Rép… (oups), de la troisième République », a déclaré le porte-parole du Gouvernement, avant de lancer : « Excusez-moi. »
Mais ces balbutiements de Sidi Tiémoko Touré, ministre de la Communication et des Médias, n’ont pas échappé à la vigilance des internautes et autres observateurs qui en ont aussitôt fait un large écho sur les réseaux sociaux en les tournant en dérision. Chacun y allant de son commentaire.
Avec ce lapsus du porte-voix du gouvernement ivoirien, le contentieux lié à la légitimité du 3e mandat du Président Ouattara reste encore et toujours entier et mérite d’être vidé pour éviter qu’il constitue des germes de conflits à venir. Car les Ivoiriens aspirent à tourner définitivement la page des crises aux conséquences incalculables.