Au Burkina Faso, l’affaire Norbert Zongo, le journaliste tué sous le régime de Blaise Compaoré, n’est toujours pas bouclée. François Compaoré, un temps condamné à l’extradition vers son pays par la justice française, n’est jamais arrivé au Burkina Faso.
Burkina Faso – Norbert Zongo, à quand l’extradition de François Compaoré
Le Président français Emmanuel Macron s’est longtemps présenté aux Africains comme l’homme de la rupture, celui qui va jouer cartes sur table avec les Africains. Si son langage a depuis varié de la Guinée à la Côte d’Ivoire sur la question des élections en Afrique, le dossier Norbert Zongo est l’autre affaire dans laquelle il n’a pas encore vraiment tenu sa parole. Il est vrai que Charles Pasqua disait : « les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent », mais là, il est question de droit et la nécessité de faire la lumière sur une affaire qui mine tout un peuple depuis des décennies.
Emmanuel Macron avait promis que la justice française ne ferait pas obstacle dans cette affaire, ce qui avait laissé une lueur d’espoir aux amis et proches du journaliste burkinabé.
Emmanuel Macron a beau promettre de traiter les Africains différemment, il a beau mettre sur pied une association d’Africains de France, que dis-je, de Français de peaux noirs, pour lui suggérer la conduite à tenir par sa France en Afrique, rien ne change.
Le dossier Norbert Zongo, le journaliste burkinabé tué dans son pays le 13 décembre 1998, à Sapouy, sous le règne de Blaise Compaoré, n’est toujours pas bouclé par la justice ouagalaise. La clé de l’énigme – François Compaoré – est toujours en France. Le frère cadet de l’ancien Président du Burkina Faso est accusé par la justice de son pays d’être le donneur d’ordre dans cet assassinat du Fondateur et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant.
Les avocats de François Compaoré jouent la montre
Bien que la justice française ait autorisé l’extradition de François Compaoré, le frère de l’ancien président, en février dernier, l’avion devant le déposer à Ouagadougou n’a toujours pas atterri. Les avocats de François Compaoré retardent cette extradition avec leurs recours auprès du Conseil d’État français.
La vérité sur l’assassinat de Norbert Zongo ne sera jamais connue tant que celui qui passe pour le donneur d’ordre n’aura pas été entendu par la justice du Burkina Faso. La France, pays des droits de l’homme, aurait du traiter ce sujet avec célérité pour permettre à la justice du Burkina Faso, 22 ans ce dimanche 13 décembre plus tard, de rendre justice au disparu.
Il faut noter que le journaliste Norbert Zongo enquêtait sur la mort de David Ouedraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré. Le dossier était bloqué sous le régime de l’ancien dictateur chassé par la rue le 31 octobre 2014, après 27 ans et 16 jours de pouvoir.
Le recours des avocats de François Compaoré sera examiné dans 5 jours, le 18 décembre prochain, par le Conseil d’État français. Selon ses avocats, son extradition serait illégale parce que leur client n’aurait jamais été inculpé dans son pays. Ils redoutent également une impartialité de la justice au pays des hommes intègres en plus de douter du Premier ministre français qui a émis le décret d’extradition.