Premier Ministre – La Côte d’Ivoire, sans Vice-président depuis la démission de Kablan Duncan, est aussi en quête d’un Premier ministre, un technocrate de poigne, devant succéder à l’emblématique feu Amadou Gon Coulibaly, mort le 8 juillet 2020 et remplacé par le Golden boy Hamed Bakayoko devenu un pilier du régime d’Alassane Ouattara.
Primature – Succession d’Amadou Gon Coulibaly: Ouattara embarrassé pour choisir son Premier ministre
En Côte d’Ivoire, un nouveau gouvernement est attendu mi-mars après les élections législatives. Pour la nomination d’un nouveau Premier ministre, Alassane Ouattara a déjà arrêté une première shortlist, selon Africa intelligence. En effet, révèle le média, Alassane Ouattara réélu au premier tour de la présidentielle du 31 octobre 2020 avec 94,27% des voix, souhaiterait nommer un technocrate au poste de premier ministre, occupé par Hamed Bakayoko depuis le décès d’ Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020.
Pas plus de trois possibilités s’offrent au président ivoirien pour trouver son homme de main, un serviteur loyal qu’Incarnait “AGC, le Lion”, comme aimaient l’appeler les sympathisants et militants du parti présidentiel, le RHDP. L’actuel secrétaire général de la présidence Patrick Achi est l’une des options envisagées par le président ivoirien depuis l’automne, pour remplacer Hamed Bakayoko.
Patrick Achi, un ingénieur sorti de l’Université Stanford
Né en 1955 à Paris, Patrick Achi étudie au lycée classique d’Abidjan, puis à l’université nationale de Côte d’Ivoire, où il obtient une maîtrise de maths-physique. De retour à Paris, il intègre l’École supérieure d’électricité (Supélec), dont il sort ingénieur, puis l’université Stanford, aux États-Unis, où il décroche un master en management. En dépit des fonctions qu’il occupe, au cœur de la présidence, il ne s’affiche pas dans les médias. Il a pourtant été à l’origine de plusieurs grands projets d’infrastructures.
C’est dans les années 2000 qu’il fait la connaissance d’Alassane Ouattara; les deux personnalités se sont retrouvées recluses à l’hôtel du Golf, à Abidjan, pendant la crise postélectorale de la fin de 2010 au 11 avril 2011. Séduit par son profil de technocrate, Ouattara le reconduit dans ses fonctions lorsqu’il accède au pouvoir. En janvier 2017, quand Amadou Gon Coulibaly devient Premier ministre, il lui succède au poste de secrétaire général à la présidence.
Jean-Claude Brou, un magnat des finances internationales
L’autre option qui est un profil tout aussi technocratique, a également les faveurs de l’entourage du chef de l’Etat : celui de Jean-Claude Brou, Président de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis 2017 et intime du chef de l’Etat. Jean-Claude Brou est, tout comme Alassane Ouattara, un ancien fonctionnaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). En 2012, le président ivoirien l’avait déjà choisi pour prendre la tête du ministère de l’industrie.
Ce technocrate a même annoncé le weekend dernier, au nom de la Cedeao, une harmonisation du prix des tests PCR à 50 dollars ainsi qu’un « fonds vaccin Covid » qui serait mis en place au sein de la communauté régionale et serait alimenté par les gouvernements membres. Jean-Claude Brou a commencé sa carrière professionnelle au Fonds monétaire international (FMI) en 1982, d’abord en tant qu’économiste, puis comme économiste principal en charge de plusieurs pays africains, notamment au Sénégal où il a été le représentant résident durant deux ans (1990-1991). De 1991 à 1995, il a occupé ensuite le poste de conseiller économique et financier d’Alassane Ouattara, alors premier ministre, puis de Kablan Duncan qui le succéda. En 1996, il est promu directeur de cabinet du Premier ministre Kablan Duncan, poste qu’il conservera jusqu’en 1999.
Hamed Bakayoko: un « Golden Boy » à la Primature
A en croire notre source, si ces deux personnalités ci-dessus mentionnées ne sont pas retenues, le président ivoirien devrait choisir de reconduire Hamed Bakayoko. Surnommé le « Golden Boy » pour ses réussites en affaires, Hamed Bakayoko, 55 ans, désigné récemment Premier ministre de Côte d’Ivoire, a un profil atypique qui a contribué, avec son caractère notoirement bon vivant, à le rendre populaire, au-delà du camp du président Alassane Ouattara. Militant politique et patron de presse dans les années 1990, ministre dans les années 2000, il est devenu un pilier du régime grâce à sa parfaite maîtrise de l’appareil sécuritaire ivoirien. On n’oublie pas qu’après avoir été Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité d’avril 2011 à juillet 2017, Hambak est depuis la dernière date, le ministre de la Défense de Côte d’Ivoire; un poste qu’il cumule avec la primature.
Alassane Ouattara, 79 ans, entame un troisième mandat consécutif à la tête du pays depuis la chute du régime de Laurent Gbagbo en 2011. Il remporte le scrutin présidentiel de 2020 dans un contexte de tension généralisée suite à un mot d’ordre de boycott de l’opposition largement suivi, faisant plus de 85 morts officiellement. Le taux de participation de 53,90 % sur une liste électorale de plus de 7,5 millions d’électeurs, était un des principaux enjeux de cette élection alors que plusieurs candidats de l’opposition, écartés de la course, avaient appelé au boycott, qualifiant le scrutin de « mascarade électorale ».
Le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin qui a fait campagne avec Alassane Ouattara, élu pour la première fois en 2010 et réélu en 2015, a obtenu 64.011 voix, soit 1,99%. Une présidentielle qui se voulait apaisée et crédible pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et poids lourd économique d’Afrique de l’Ouest. Jugée fondamentale, elle devrait tourner définitivement la page des violences meurtrières qui avaient suivi la victoire en 2010 de Ouattara sur son prédécesseur Gbagbo.
En 2010, son refus de reconnaître la victoire de Ouattara avait plongé le pays dans cinq mois de conflit qui s’était soldé par la mort de 3000 personnes, épilogue sanglant d’une décennie de crise politico-militaire. En attendant d’être situé sur son choix, le président, Alassane Ouattara a encouragé les actuels ministres du gouvernement de “Ham Bak” à concourir aux législatives du 6 mars prochain avec l’avertissement de se séparer de ceux qui n’auront pas été élus ou réélus.