Sa chute était inéluctable, le président du Sénat de la République démocratique du Congo, Alexis Thambwe Mwamba, proche de de l’ancien président Joseph Kabila, a présenté vendredi sa démission sous la pression du camp du chef de l’État Félix Tshisekedi.
Le président du Sénat soupçonné de détournement de deniers publics
Après la destitution du bureau de l’Assemblée nationale dirigé par Jeanine Mabunda en décembre, le président du Sénat a finalement pris les devants et remis sa démission alors qu’il est visé par une pétition signée par une soixantaine d’élus.
La démission du président du Sénat intervient à quelques minutes du début d’une séance plénière qui devait examiner les pétitions réclamant sa destitution et celle des autres membres de son bureau.
« Considérant d’une part que la confiance n’existe plus entre un groupe des sénateurs et moi-même, et d’autre part, l’installation d’un Bureau d’âge désormais opérationnel, je vous remets ma démission en tant que Président du Sénat », écrit M. Thambwe Mwamba dans une lettre adressée au bureau provisoire mis en place jeudi par un haut fonctionnaire pour examiner une motion de censure contre lui, signée par 64 sénateurs sur un total de 109.
Jeudi, après l’installation de ce bureau provisoire, les sénateurs membres du Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président Joseph Kabila ont dénoncé des « dérives dictatoriales » en RDC et ont appelé le président Tshisekedi à y mettre fin.
Ancien garde des Sceaux, M. Thambwe Mwamba, plusieurs fois ministre, était le dernier proche de l’ex-président Kabila à être à la tête d’une institution politique; le président Tshisekedi a réussi à renverser en sa faveur la majorité parlementaire qui était acquise jusque-là à M. Kabila.
La plupart des membres de son bureau avaient déjà remis leur démission, fragilisant encore plus le président du Sénat. Seul Samy Badibanga, premier vice-président et proche de Félix Tshisekedi, conserve son poste, la pétition qui le visait ayant été rejetée par les élus.
Dans une lettre adressée au Sénat congolais, le procureur général près la Cour de Cassation, Victor Mumba Mukomo, avait demandé au bureau d’autoriser l’audition d’Alexis Thambwe Mwamba sur des soupçons de détournement de deniers publics. Dans le viseur de la justice, le retrait, pour le compte du Sénat, de « trois chèques d’un import respectif de 2 millions d’euros, 1 million de dollars et 1 million de franc congolais », le 6 janvier 2021.
Selon le procureur, le trésorier du Sénat, qui a retiré ces sommes à la Banque commerciale du Congo (BCDC), les a ensuite remises au conseiller financier du questeur du Sénat. « Ledit conseiller [est parti] les remettre au président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, à sa résidence, d’où l’ouverture du présent dossier », précise le courrier de Victor Mumba Mukomo.
Cette démission vient conclure une séquence de cinq jours lors de laquelle tout a basculé pour celui qui était l’un des derniers piliers de la majorité auparavant détenue par Joseph Kabila.