Laurent Dona Fologo, l’insaisissable icône de la politique ivoirienne, est mort ce vendredi, à l’âge de 81 ans. La Covid-19 aura eu raison de l’ex-président du Conseil Economique et social.
Décès de Laurent Dona Fologo: La Côte d’Ivoire perd un grand serviteur
“La Côte d’Ivoire perd en ce jour l’une des plus grandes figures de son paysage politique. Fidélité.. Loyauté.. Républicain.. sont les mots qui pourraient caractériser Monsieur Laurent Dona Fologo. Fidèle parmi les fidèles. Disciple parmi les disciples de Félix Houphouët-Boigny et de la pensée de celui-ci. Pilier parmi les piliers du Pdci-Rda. Illustre parmi les illustres de la nation. Personnalité parmi les personnalités de Côte d’Ivoire. Ancien élève de l’École supérieure de journalisme de Lille. Premier rédacteur en chef de Fraternité Matin. Ministre de 1974 à 1999. Ancien Secrétaire général du PDCI, ancien président du Conseil économique et social. Laurent Dona Fologo s’est éteint ce vendredi 5 Février 2021. Nos pensées vont à sa famille biologique, à sa famille politique, ainsi qu’à la Côte d’Ivoire dans son ensemble. Puisse Dieu l’accueillir dans la paix auprès de lui”, a écrit, en hommage, Marie Thérèse Houphouët Boigny, la toute première Première Dame de Côte d’Ivoire.
Qui était Laurent Dona Fologo né à Sinématiali le 12 décembre 1939
Collaborateur émérite du père fondateur, parfois son confident sur certains points, Laurent Dona Fologo, aura défendu et gardé du Président Félix Houphouët Boigny, l’image d’un homme exceptionnel.
“Pour moi le Président Félix Houphouët Boigny n’est pas mort et il ne mourra jamais. Il n’est pas mort au point que j’ai fait une note aux journalistes d’éviter de dire feu Félix Houphouët Boigny. On ne dit jamais d’un grand homme de cette envergure feu. Vous n’entendrez jamais feu De Gaulle ou Feu Kennedy etc. Nous savons qu’ils sont partis mais nous devons parler d’eux comme s’ils étaient présents”, soutient l’ancien élève de l’École supérieure de journalisme de Lille.
De 1974 à 1999, et de ministère en ministère, Fologo aura passé un quart de siècle dans les différents gouvernements du Vieux ou de Henri Konan Bédié. Avec le dernier, après une longue complicité réelle ou supposée, il avait fini par prendre ses distances.
Car Fologo, qui sait être pugnace voire virulent, sans jamais être haineux, stigmatise l’ingratitude et la sourde déshouphouétisation de la politique ivoirienne.
Loyal serviteur de la République pour certains, opportuniste politicien pour d’autres, le destin du vieux renard Fologo reste mitigé.
Considéré comme le “Talleyrand ivoirien”, ce grand serviteur de l’Etat était présenté comme l’un des plus grands « traîtres » de l’histoire de la politique en Côte d’Ivoire.
Fin diplomate sous le couvert de la défense des «institutions républicaines», il a fait le tour de tous les régimes ivoiriens. Après avoir servi Houphouët et Bédié, il a fait allégeance au Général Robert Guéi, qui a fait chuter le PDCI RDA.
Dans les années 2000, il devient le panégyriste attitré de Laurent Gbagbo. “Au point de susciter une belle expression en Côte d’Ivoire: «Faire à la Fologo». En d’autres termes, ce propos signifie avaler sa honte, faire fi de toutes règles morales, pour servir aussi bien le père, le fils, l’assassin du pouvoir et le pourfendeur du père.
Un vrai trapéziste qui pourrait bien figurer dans le livre des records Guinness. Hier, il vitupérait contre Laurent Gbagbo, qui «pouvait user ses sandales à marcher» et qui selon lui, «ne gérait que le ministère de la parole», décrit Le Patriote.
Après avoir créé, en 2008, le Rassemblement pour la paix (RPP), Laurent Dona Fologo prend sa retraite et quitte, la mort dans l’âme, la scène politique après 2015 au moment où les héritiers de Félix Houphouët Boigny se livrent une guerre de succession sans précédent depuis plus d’une décennie.